La Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Audrey Azoulay, a dévoilé lundi le plan d’action de son agence pour réguler les médias sociaux.
« La libération de la parole par le numérique a représenté d’immenses progrès. Mais les médias sociaux ont également accéléré et amplifié la diffusion de fausses informations et de discours de haine, faisant peser des risques majeurs sur la vie en société, la paix et la stabilité. Pour protéger l’accès à l’information, nous devons encadrer sans attendre ces plateformes, tout en protégeant la liberté d’expression et les droits humains », a indiqué lundi Audrey Azoulay, lors d’une conférence de presse.
Le plan d’action est le fruit d’une concertation d’une ampleur inédite dans le système des Nations Unies, avec plus de 10.000 contributions numéros de 134 pays rassemblés ces dix-huit derniers mois. Il détaille les Principes à respecter et les mesures concrètes à mettre en œuvre par toutes les parties impliquées – gouvernements, autorités de régulation, société civile et plateformes elles-mêmes.
La liberté d’expression doit être préservée
Parmi ces principes on retrouve notamment le respect des droits de l’homme, la mise en place de régulateurs indépendants, ou la transparence des algorithmes.
« Il y a une exigence cardinale, qui a guidé nos travaux : celle de préserver toujours la liberté d’expression et tous les autres droits humains. Contraindre ou brider la parole serait une solution terrible. Des médias et des outils d’information libres, de qualité et indépendants, constituant la meilleure réponse sur le long terme à la désinformation », a plaidé la cheffe de l’UNESCO.
Le plan d’action prévoit que les plateformes doivent, notamment, se doter d’équipes de modérateurs qualifiés, en nombre suffisant et parlant toutes les langues principales de leur média social, afin de pouvoir effectuer un contrôle fiable et efficace des contenus mis en ligne. . Ces équipes doivent assurer la transparence du processus de modération, y compris lorsque celui-ci est automatisé par des algorithmes. Elles doivent également faciliter leur usage, dans toutes les langues principales du pays dans lesquelles elles opèrent, et rendre compte des signaux et réclamations des utilisateurs.
85% des citoyens inquiets
Le plan d’action prévoit également des mesures particulières pour garantir l’intégrité électorale, et pour faire face aux situations d’urgence, telles que les conflits armés et les catastrophes. Des éléments spécifiques au secteur culturel ont également été inclus, mettant l’accent sur les risques encourus par les artistes et la nécessité d’avoir accès en ligne à un « contenu culturel diversifié ».
La publication du plan d’action de l’UNESCO s’accompagne d’une enquête d’opinion auprès de 8.000 personnes dans 16 pays où se respectent des élections en 2024. Elle indique que 85% des citoyens sont inquiets de l’impact de la désinformation en ligne, alors que les médias sociaux sont devenus pour une large majorité d’entre eux la première source d’information.
Cette même enquête indique que 87% des citoyens pensent que cette désinformation a déjà eu un impact majeur sur la vie politique de leur pays et craignent qu’elle pèse sur les résultats des élections prévues dans leur pays l’an prochain. En conséquence, ils sont 88% à demander que les gouvernements et les régulateurs résolvent rapidement ce problème en régulant les médias sociaux.