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L’avocat du Cap-Haïtien et l’huissier du Tribunal de Première Instance condamnent la police pour avoir fermé le tribunal en signe de protestation. La protestation a été déclenchée par la prétendue décision du doyen de libérer la petite amie d’un bandit qui a été tué par un policier lors d’un affrontement au cours duquel le policier a également perdu la vie.
CAP-HAÏTIEN — La semaine dernière, des policiers du Service Départemental de Police Judiciaire (SDPJ) d’Haïti ont fermé à deux reprises le Tribunal de Première Instance du Cap-Haïtien en signe de protestation. Ils accusaient son doyen, Joseph Manigat, d’avoir libéré la petite amie d’un bandit décédé qui avait été tué par un officier du SDPJ assassiné. Manigat aurait également ordonné à la police de restituer tous les objets confisqués au bandit décédé, y compris un véhicule.
Plusieurs habitués du tribunal, dont des avocats et des huissiers, se sont opposés avec véhémence à la fermeture forcée du SDPJ, la qualifiant d’excès de pouvoir. Ils ont fait appel aux autorités policières de haut rang pour empêcher une nouvelle fermeture.
L’avocat Lunique Charles a déclaré : « Les policiers n’avaient pas le droit de fermer le tribunal. La justice doit prendre des mesures pour contrer de tels agissements en coordination avec la direction générale de la police et l’inspection générale. La police doit soutenir le système judiciaire, et non l’affaiblir.»
La fermeture du tribunal marque le dernier incident en date dans un conflit en cours entre la police et le système judiciaire au Cap-Haïtien. Bien que les deux institutions soient conçues pour fonctionner en harmonie, les policiers se comportent comme s’ils détenaient une autorité supérieure. Plus tôt cette année, des policiers attaqué Le procureur de la ville Charles Durand. Les agents qui ont agressé étaient sorti de l’isolement suite à une manifestation de la police.
Un huissier, qui a choisi de rester anonyme pour des raisons de sécurité, a demandé : « Comment les policiers peuvent-ils simplement fermer un tribunal ? Ils perturbent la vie de tout le monde. Ils ne sont pas censés faire ça. Je suis contre. »
Manigat n’a pas pu être contacté pour commenter, et le procureur de la ville, Charles Durand, n’était pas non plus disponible pour répondre aux questions du Haitian Times.
Les 13 et 16 mai, des agents non identifiés du SDPJ, le visage masqué par des masques de ski, ont fermé le tribunal pendant plusieurs heures. Ils réclamaient justice pour leur collègue Rémy Synce, abattu en février à Petite Anse, un quartier en périphérie du centre-ville de Cap-Haïtien.
Synce et sa femme ont été pris dans une embuscade tendue par des bandits armés à moto après avoir quitté la banque dans la soirée du 19 février. Synce a échangé des coups de feu avec les bandits, tuant un d’entre eux, Emile Alcima, mais a également été mortellement abattu. Sa femme a survécu à une blessure par balle au bras.
La petite amie d’Alcima, Jenny Love Decimus, et son frère, Jocelyn Alcima, ont été arrêtés la même nuit pour interrogatoire, et le véhicule d’Alcima ainsi que d’autres biens ont été confisqués par la police.
Les dates de sortie de prison de Decimus et de restitution par la police des affaires d’Alcima restent floues.
Le 13 mai, les agents du SDPJ ont commencé à protester contre ces décisions, en faisant part de leurs doléances dans la rue avec des pancartes, en maquillant au pistolet le tribunal de première instance et en le fermant. Ils ont également demandé la démission ou le licenciement de Manigat.
Un officier anonyme du SDPJ dit Le journaliste local Romain Phanel, plus connu sous le nom de Ti Zo Le Specimen, a déclaré : « Nous vous demandons de bien vouloir vous retirer et de laisser faire le travail à ceux qui sont intègres moralement. Prenez vos décisions avec vous. On ne reconnaît plus ce doyen dans le département.