Dimanche 26 mai, l’État dominicain a déployé une opération répressive contre les travailleurs haïtiens des coupeurs de canne à canne à Batey 5, dans la province de Bahoruco, dont la production est acquise par l’usine Barahona rattachée au Consortium central du sucre ( CAC).
Les travailleurs, après avoir reçu leurs paiements incomplets le vendredi 24, avaient décidé d’arrêter leur travail le lendemain et de fermer les installations dans lesquelles ils résident. Dimanche, l’armée et la police ont attaqué les travailleurs, dans un usage brutal, disproportionné et illégal de la force face à un conflit de travail, faisant des dizaines de blessés, dont certains griefs.
Certains médias numériques ont rapporté des blessures provoquées par des couteaux, des plombs et des balles, indiquant qu’environ soixante (60) travailleurs avaient déjà été expulsés vers Belladere par le poste frontière d’Elías Piña. Ces expulsions illégales impliquent la participation de l’État dominicain au vol des salaires et des avantages sociaux par le CAC ainsi que l’expulsion illégale des témoins de crimes pour empêcher toute enquête possible et traduire les responsables en justice. Selon la presse, l’un des travailleurs blessés se trouve dans la capitale et risque de perdre un œil à cause des blessures subies par l’armée et la police.
Nous condamnons ces actions illégales de l’État dominicain et appelons la presse nationale à dénoncer ces actes répréhensibles. Nous exigeons que le Bureau du Procureur Général mette fin à l’inertie institutionnelle et à la complicité avec les crimes commis quotidiennement par la Direction Générale de l’Immigration, la Police Nationale et d’autres institutions dans leur répression illégale et anticonstitutionnelle contre la communauté immigrée haïtienne, et qu’il ouvre d’urgence une enquête sur les événements de Batey 5, en assurant la protection des témoins et des victimes afin qu’ils ne soient pas expulsés et puissent fournir des éléments d’enquête et traduire en justice les responsables de ces crimes.
Nous rappelons au gouvernement national et à l’opinion publique que le travail forcé, le vol de salaires, la fraude au travail pour non-respect des lois nationales du travail, de la Constitution et des traités internationaux du travail signés par la République dominicaine, ont déjà conduit à l’imposition de sanctions à l’entreprise américaine Central Romaine. Le gouvernement n’a pas tenu ses promesses en matière de travail envers les travailleurs migrants de la canne à sucre et n’a pas versé de prestations sociales ni de pensions aux travailleurs retraités de la canne à sucre. Dans le cas du CAC, on rapporte que le salaire pour une quinzaine de travail s’élève à peine à 1.500 pesos (moins de deux dollars par jour), ce qui déclenche le conflit du travail. Le ministère du Travail, au lieu d’intervenir pour empêcher l’esclavage et les pratiques de travail forcé, a laissé cette situation perdurer en toute impunité pour l’entreprise. L’entreprise a ensuite eu recours à la répression de l’État pour contourner ses obligations salariales et légales. Il est nécessaire de rechercher s’il y a eu une conspiration entre l’entreprise et les agents répressifs pour procéder à des expulsions et ne pas payer l’intégralité des salaires ou des avantages sociaux. S’il n’enquête pas, ne punit pas les coupables et n’indemnise pas les victimes, l’État dominicain ouvrira la porte à de nouvelles sanctions internationales plus sévères contre l’industrie sucrière du pays.
Nous exigeons que la répression et les expulsions cessent, que les crimes commis contre les travailleurs fassent l’objet d’enquêtes, que les criminels répondent de leurs actes et que les victimes soient indemnisées.
Comme nous les disons depuis 2021 : la vie des Haïtiens compte !
Mouvement socialiste des travailleurs de la République dominicaine 1euh Juin 2024