Huit ministres redevables aux 9 Conseillers Présidents aux côtés de six autres qui doivent tout à Garry Conille : Combien de temps tiendra ce « deal politique » entre le PM et le CPT ?
Quelle est la feuille de route de ces ministères pendant cette période de transition ? Y a-t-il un accord sur les grandes lignes de l’action de ces ministres, au regard de l’Accord du 3 Avril ? Pour l’instant personne ne sait.
Le premier gouvernement du Conseil Présidentiel de Transition en Haïti est le résultat d’un « deal politique » entre le Premier Ministre Garry Conille et les 9 conseillers-présidents qui se sont entendus avec et sans l’appui des secteurs et partis politiques qu’ils sont sensés représenter pour partager 18 postes ministériels.
Ce « deal » n’est pas officiel. Il ne peut pas être formalisé ni déclaré. Sa logique est discutable et douteuse. Le PM ne peut pas se présenter avec fierté devant la population pour le défendre ; car la majorité de la population ne s’y reconnaîtra pas.
Il s’agit d’une entente secrète : Gérald Gilles, par exemple, ne dira jamais qu’est-ce qu’il a promis au PM et à d’autres pour , permettre à son jeune protégé de devenir le titulaire du Ministère de la Santé.
Cependant le « deal » est bien réel . Potentiellement il peut réserver des surprises. « Pral gen plenyen « .
Et la malice populaire a déjà associé chacun des ministères du gouvernement Leblanc/Conille à des partis politiques ou des secteurs bien précis.
Désormais pour désigner le Ministère des Travaux Publics Transports et Communication , le peuple parle de « Ministère lavalas », Le Ministère de l’Agriculture est renommé « Ministère Pitit Dessaline »
Tout cela pour faire savoir que les résultats de cette entente fragile trouvés entre le CPT et le Premier Ministre Conille qui se défend en privé d’être au service du régime PHTK, même sans un communiqué de la Primature, sont bien connus.
Ainsi donc le Premier Ministre Garry Conille, sous prétexte de garantir leur neutralité dans le processus en cours, s’est attribué le droit de désigner des titulaires pour le Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales, le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique, le Ministère des Affaires Étrangères, des Cultes et des Haïtiens Vivant à l’Etranger ainsi que le Ministère de l’Économie et des Finances, de la Planification et de la Coopération.
Quelle est la feuille de route de ces ministres pendant cette période de transition ? Y a-t-il un accord sur les grandes lignes de l’action de ces ministres, au regard de l’Accord du 3 Avril ? Pour l’instant personne ne sait.
Les autres ministères, selon la logique même du PM, deviennent donc des annexes de partis ou groupement politiques et sont réservés aux conseillers présidents ou secteurs politiques, économiques et de la société civile qui ont signé l’accord du 3 avril et qui composent le Conseil Présidentiel de transition.
-Le Ministère de la Défense a été attribué à la coalition RED/EDE/Compromis Historique, composée de plusieurs têtes identifiées au régime PHTK (première et deuxième version), telles que l’ex-Chancelier Claude Joseph, l’ex-Secrétaire général des Conseils des ministres Renald Luberice, l’ex-Député Patrick Norzeus, l’ex-Ministre du Commerce Jonas Coffy, les anciens sénateurs Youri Latortue et Joseph Lambert, ainsi que le porte-parole du Parti RASANBLE, Jean Rony Alexandre.
-Le Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural et le Ministère de l’Environnement (MARNDR/MDE) ont été attribués au parti Pitit Dessalines de l’ex-sénateur Moise Jean Charles.
-Le Ministère des Affaires Sociales et du Travail (MAST) – attribué à la société civile de Gédéon Jean et alliés.
-Le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) est réservé au Conseiller président Louis Gérald Gilles convoitait ce ministère depuis longtemps. Cependant, il fait face aux critiques de certains signataires de l’accord qui l’accusent de ne pas avoir respecté son engagement verbal envers Vikerson Garnier, selon lequel Gilles devait être président et Garnier ministre.
-Le Ministère des Travaux Publics, Transports et Communications (MTPTC) a été attribué à Fanmi Lavalas, qui, ne pouvant obtenir le ministère de la Santé Publique, se contente du MTPTC.
-Le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle/Ministère de la Culture et de la Communication (MENFP/MCC) – attribué au Conseiller président Fritz Alphonse Jean.
-Le ministère du Commerce et de l’Industrie/Tourisme (MCI/Tourisme) a été attribué au représentant de l’accord du 30 janvier, qui implique plusieurs partis politiques influents dans le pays, notamment l’OPL, le PHTK, l’ UNIR et le MOPOD..
Cependant tous ceux qui connaissent comment fonctionne l’administration publique en Haïti, les modalités pour la prise des décisions administratives, le rôle d’un Directeur de Cabinet de la Primature dans le fonctionnement des autres ministères, ayant noté que le Premier Ministre s’est empressé de placer à ses côtés, son bras droit, un digne représentant du régime PHTK toute version confondue, le Professeur et économiste Nesmy Manigat, comme Directeur de Cabinet, ont tout de suite comprenant que l’ancien Directeur de l’UNICEF a des idées bien préciser derrière la tête.
Comme un technocrate expérimenté des Nations Unies, Il n’est pas aussi « inoffensif » qu’il pourrait le paraître.
Et le partage de postes ministériels qu’il a mis en œuvre entre plusieurs groupes ou partis politiques et le PHTK dans un gouvernement qui devrait être, selon l’Accord du 3 avril, un gouvernement de sauvetage et d’union nationale, peut entraîner certains problèmes.
Nous avons relevé 10 des principales difficultés :
1- Difficultés de coordination : Les ministres du gouvernement de Garry Conille appartenant à différents partis ont certainement des priorités et des agendas politiques divergents, ce qui complique la coordination des politiques gouvernementales.
- Risque de blocage décisionnel : Les désaccords entre les partis représentés dans l’Administration Conille/Leblanc sur des questions importantes peuvent entraîner des blocages dans le processus décisionnel, ralentissant ainsi l’action gouvernementale.
- Instabilité politique : Les coalitions peuvent être fragiles et sujettes à des ruptures si les partis ne parviennent pas à résoudre leurs différends, ce qui peut conduire à des crises politiques et à des changements fréquents de gouvernement.
- Clientélisme politique : Chaque parti pourrait essayer de favoriser ses électeurs et ses intérêts spécifiques au détriment d’une politique gouvernementale plus globale et cohérente.
- Manque de responsabilité : Les ministres peuvent être perçus comme plus loyaux envers leur parti d’origine plutôt que envers le gouvernement dans son ensemble, ce qui pourrait nuire à la responsabilité individuelle des ministres.
- Incohérence politique : Les compromis nécessaires pour maintenir la coalition peuvent conduire à des politiques incohérentes ou contradictoires qui ne servent pas toujours l’intérêt public de manière optimale.
- Mauvaise gestion des ressources : La répartition des ressources entre les ministères peut être déséquilibrée ou inefficace en raison des concessions faites pour maintenir l’unité de la coalition.
- Opacité décisionnelle : Les négociations internes à la coalition peuvent se dérouler en privé, ce qui réduit la transparence et peut nourrir le mécontentement parmi les électeurs et l’opinion publique.
- Défis pour la communication gouvernementale : La communication d’un message gouvernemental clair et cohérent peut être un compromis lorsque différents partis au sein de la coalition ont des positions divergentes sur des questions importantes.
- Impact sur la crédibilité internationale : Une coalition instable ou perçue comme incapable de prendre des décisions efficaces peut affaiblir la crédibilité d’un gouvernement sur la scène internationale, affectant les relations diplomatiques et les accords internationaux.
Ces problèmes démontrent les défis potentiels auxquels le gouvernement Conille/Leblanc peut être confronté. Et certains observateurs de demander combien de temps tiendra ce « deal politique » entre le PM et le CPT ?