(Tripfoumi Enfo) – Après 15 mois à la tête de la Police Nationale d’Haïti, Normil Rameau a révoqué à la tête de la direction de l’institution policière. Il a sans doute fait les frais d’une situation sécuritaire précaire, mais aussi de calculs politiques complexes.
Le locataire du palais national a jugé, après consultations, que c’est un impératif de remplacer Normil Rameau qui a piteusement échoué à ce poste. Le Chef de l’État de concert avec les autorités américaines a nommé un nouveau directeur, en la personne de Léon Charles un vieux de la vielle.
Pourtant, lors de la nomination de l’ancien responsable de la Direction Centrale de la Police Judiciaire(DCPJ) à la tête de la PNH, Normil avait suscité beaucoup d’espoir, autant chez la population que dans les rangs de la police qui espéraient voir leurs conditions de travail s’améliorer. Le premier mandataire de la nation pensait donc, au vu de sa carrière à la DCPJ, qu’il était l’homme de la situation. Malheureusement, les résultats sur le terrain sonnent comme un cuisant échec.
La situation n’a fait qu’empirer depuis la nomination du chef en août 2019 en remplacement de Michael Gédéon. Les citoyens n’ont pas constaté d’améliorations sur le plan sécuritaire, puisque les malfrats continuent de dicter leur loi, sémant la terreur dans le pays. La police ne fait plus peur à ses hommes armés, surtout que les gangs sont mieux équipés que les agents de l’ordre.
Notons que le changement tombe assez mal dans la mesure où la situation politique est plus que jamais instable. Pourquoi l’occupant du palais national a remplacé le DG de la PNH par Léon Charles qui lui avait également échoué en 2005 à la tête de l’institution policière, alors que le pays est sans gouvernement légitime depuis une année.
Le remplacement de Normil ne débarque pas dans un terrain qui lui est inconnu. Mais la tâche qui l’attend s’annonce difficile, à un moment où les agents de la PNH n’ont pas assez de moyens pour mener à bien leur mission qui consiste à ‘protéger et servir’ le peuple haïtien.
Le moral des policiers est au plus bas, se sentant abandonnés par un état qui ne tient pas ses engagements. Face à ce manque de motivation légitime, le nouveau DG aura la lourde tâche de regonfler la confiance de ses troupes en attendant que le gouvernement tienne enfin ses promesses. Sur le terrain, la situation est peu reluisante, chaque jour apportant son lot de crimes toujours plus violents.
La marge de manœuvre du nouveau DG semble limitée à tous les niveaux. Aura-t-il les moyens pour lutter efficacement contre l’insécurité ? At-il une véritable stratégie à mettre en œuvre ? Bénéficiera-t-il de tout l’appui nécessaire de la part du gouvernement pour accomplir à bien sa mission ? Aura-t-il le soutien total de ses troupes qui sont plus démotivées que jamais ? Autant de défis qui attendent Léon Charles.
L’ancien chef de la police a été évoqué par différents secteurs de la société haïtienne pour son incapacité à mettre fin à la violence et à l’insécurité croissantes qui touchent tout le pays.
Depuis le début de l’année 2020, la capitale haïtienne connaît une vague d’assassinats, de vols, d’enlèvements, de viols et d’affrontements entre bandes armées, qui s’est intensifiée ces dernières semaines.
La dégradation rapide de la sécurité a donné lieu à des manifestations publiques ces derniers mois, dont la dernière a eu lieu vendredi dernier.
La police haïtienne compte 15 022 agents dans ses rangs, un nombre insuffisant pour garantir la sécurité dans le pays, selon un rapport de l’ONU présenté en octobre dernier.
Dans ce rapport, l’ONU souligne que les ressources limitées fournies par le gouvernement à la police nationale ces dernières années commencent à éroder non seulement la capacité opérationnelle de l’institution, mais aussi la confiance des citoyens dans la seule force de sécurité publique opérée. à l’échelle nationale dans le pays.