La situation chaotique que connaît le pays marque avec ce nouveau gouvernement le début d’une période qui nourrit plus de craintes que d’espoirs. Justement, c’est une simple modification de la composition du gouvernement fossoyeur au service des capitalistes et des multinationales qui a eu lieu la semaine dernière. Le mercredi 12 juin 2024, en effet, le Conseil Présidentiel a intronisé dans leurs fonctions le Premier ministre Garry Conille et son cabinet ministériel muni de 14 membres qui seront en charge de 18 ministères.
Ce gouvernement, version grandement revue et corrigée du précédent, va permettre à la classe dominante de réajuster sa stratégie politique. Faut-il, par ailleurs, signaler que ce sont les mêmes exécutants qui ne peuvent en rien décider de quoi que ce soit et provenant de la classe politique traditionnelle qui ont réapparu sous d’autres visages ? Dans ces conditions, certainement, aucune solution répondant aux besoins de la population ne peut venir de ces partis ou de ces hommes et femmes politiques soumis, vendeurs de patrie, toujours invite à mettre en œuvre les plans meurtriers du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale.
Ce nouveau cabinet ministériel est un acte planifié par les puissances impérialistes en accord avec les classes dominantes locales de façon à resserrer la tutelle coloniale et les rangs de leurs troupes au sein de l’appareil d’État en putréfaction. Alors, que pouvions-nous attendre en contrepartie ? Rien, sinon, des résolutions jamais appliquées. Des promesses non tenues. La déstabilisation à l’extérieur de notre pays et naturellement la volonté populaire encore ignorée.
Il est navrant de constater que les impérialistes, auteurs de nos malheurs, pensent qu’avec ce nouveau gouvernement ils sont sur la bonne voie, par le fait que leur gouvernement a été installé sans la moindre critique du système de domination impérialiste s’apprêtant à déployer une force d’occupation étrangère dans le pays. Se réjouissant même, qu’il n’y ait eu aucune manifestation des masses rebelles, celles désireuses de s’affranchir de toute tutelle étrangère. Le slogan systématique de « transition de rupture » exprimant un profond désir de changement, semble être effacé du tableau des revendications populaires.
Ainsi, la Communauté occidentale, pleine de satisfactions se réjouit de ses propres œuvres sinistres en Haïti. A l’exemple des Etats-Unis qui saluent avec fierté l’installation de leur nouveau gouvernement en ces termes : « L’ambassadeur Hankins est heureux d’avoir assisté à la cérémonie d’investiture du premier ministre Garry Conille et de son gouvernement. Il s’agit d’une étape positive et importante vers l’inclusion, la sécurité et les prochaines élections. Nous sommes impatients de travailler avec le nouveau gouvernement haïtien pour relever les nombreux défis auxquels la nation est confrontée. Un gouvernement responsable et réceptif est essentiel pour assurer la prospérité de tous les Haïtiens. » Par ailleurs, l’ambassadeur de France, Fabrice Mauriès, sur son compte X s’est exprimé ainsi : « J’ai assisté aujourd’hui à la cérémonie d’installation du Premier ministre Garry Conille et du cabinet ministériel. Tous les vœux de succès de la République française accompagnent le gouvernement de la République d’Haïti.»
De son côté, l’ambassadeur du Canada à Port-au-Prince, André François Giroux, a déclaré « Toutes nos félicitations au Premier ministre et aux nouveaux membres du cabinet. Nous nous réjouissons à l’idée de travailler ensemble et de continuer à soutenir la transition en Haïti, qui ouvre la voie à des élections et un avenir meilleur pour son peuple. »
Ne voulant pas manquer à cette fête symbolique de victoire, le Royaume-Uni s’est mêlé de la partie en affirmant : « Le Royaume-Uni félicite les parties haïtiennes et salue la formation du nouveau gouvernement, tout en espérant que cela ouvrira la voie à la stabilité et à l’amélioration des conditions de sécurité pour le peuple haïtien qui souffre tant. Ainsi, le Royaume-Uni travaille activement avec les partenaires internationaux pour honorer l’engagement de 5 millions d’euros en faveur de la Mission multinationale d’appui à la sécurité».
Quant à l’ambassadeur de l’Union européenne en Haïti, l’Italien Stefano Gatto, il prétend que ce qui vient de se réaliser « représente une étape importante sur la voie de la réponse aux besoins urgents des Haïtiennes et Haïtiens en matière sécuritaire, économique et sociale, ainsi que des engagements pris sur l’organisation de futures élections et au retour à l’ordre constitutionnel ».
Et pour fermer les portes de ce concert de salutations, Maria Isabel Salvador, la représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en Haïti et cheffe du Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH), a évoqué sur la plateforme sociale X « Nous restons déterminés à soutenir les autorités haïtiennes, y compris le nouveau gouvernement, dans les domaines de la gouvernance, de la sécurité, des droits de l’homme et des élections. »
Toutes ces caricatures de messages sont des armes de destruction massive pour provoquer la chute du pays, dans l’espoir de pouvoir continuer leur jeu ignoble à agir consciemment à la rencontre des intérêts du peuple haïtien. Ce qu’il faut comprendre, dès que l’Occident est en joie sur un dossier comprenant Haïti, cela signifie que le pays va saigner quelque part, que le peuple va être en larmes et qu’un nouveau « coup de Jarnac » est en préparation contre lui.
Ce sont là des signes de plus en plus évidents, illustrant que la classe politique bourgeoise au pouvoir plongée à corps perdu dans un tourbillon de compromission avec les forces impérialistes nous entraîne davantage dans un abime profond de catastrophes politiques successives.
A ce stade, tout est-il irrémédiablement irréversible ? Non ! Donc, le droit du peuple haïtien à disposer de lui-même, est légitimement sacré à se débarrasser vaillamment de l’impérialisme. Les masses ouvrières doivent trouver la solution en comptant sur leurs propres forces afin de combattre l’appareil bourgeois impérialiste de façon à mettre en déroute ce nouveau gouvernement engagé pour une politique de misère et d’injustice sociale.
On n’a qu’un seul devoir, celui de détruire les pouvoirs fantoches des laquais, des opportunistes de la classe politique au service de l’impérialisme. Lénine l’avait bien enseigné dans « L’État et la Révolution » que : « l’affranchissement de la classe opprimée est impossible (…) sans la suppression de l’appareil du pouvoir d’État qui a été créé par la classe dominante ».