Le vendredi 28 juin 2024, juste un mois après sa nomination le 28 mai dernier, le Premier ministre, Garry Conille, devrait de préférence appeler l’administrateur colonial d’Haïti à laisser le pays. Il a pris le vol à bord d’un avion comme l’avait fait tant d’autres sans dire quoi que ce soit sur son voyage, sauf un communiqué de la Primature indiquant qu’il se rendait à Washington et à New York. Pour faire quoi ? Personne ne sait.
Le Premier ministre sinistre s’est fait accompagner de son directeur de cabinet, au titre de ministre, Nesmy Manigat, de la ministre de l’Économie et des Finances Marie DA Ketleen Florestal, également ministre de la Planification et de la Coopération externe, de la ministre des Affaires étrangères également ministre des Haïtiens Vivant à l’Étranger Dominique Dupuy pour se rendre aux États-Unis d’Amérique.
Quelle nécessité d’un tel déplacement aussi précipité d’un chef de gouvernement à peine entré en fonction, si ce n’est pour se rapporter à ses tuteurs, ses patrons, ses vrais chefs du Département d’Etat américain à Washington pour lequel il administrer le pays. Cela ne nous étonne pas puisque nous savons bien que les hommes et les femmes politiques actuels dirigeants du pays ne sont capables de rien sans que Washington ne l’approuve et leur donne le feu vert. En d’autres termes, la politique en cours en Haïti est tout à fait définie par les soi-disant experts politiques et le gouvernement en est le simple exécutant de leur projet colonial.
En route vers Washington, DC, le Premier ministre haïtien Garry Conille a fait un arrêt à Miami pour une visite de courtoisie à Petite Haïti pour voir la représentante américaine Frederica Wilson qui a souligné au cours d’un point de presse juste avant la rencontre avec Conille « Nous allons sortir de cette réunion avec une liste d’exigences pour que l’administration Biden-Harris soutienne Haïti » Il faut bien comprendre que dans le vocabulaire politique de ces représentants américains, qu’ils soient Sheila Cherfilus-McCormick du district 20 de Broward, Yvette Clarke (Démocrate NY) et tant d’autres, le mot soutenir renvoie essentiellement à diriger, prendre en main et cela entre bien dans la logique de la fonction de Garry Conille.
À Washington, le premier ministre Garry Conille, dans la matinée du lundi 1er juillet, flanqué de ses ministres a rencontré les bailleurs de fonds pour leur quémander comme d’habitude des miettes de charité. A la rencontre de la Banque interaméricaine de développement (BID), ont été pris part, entre autres Conille et ses ministres, le gouverneur de la Banque centrale, Ronal Gabriel et Alfred Metellus le représentant d’Haïti auprès de la BID. La délégation s’est entretenue avec la vice-présidente Ana Maria Ibañez, et Amanda Glassman, conseillère du président de la BID, en l’occurrence Mohammed Al-Jasser, l’ancien ministre de l’Économie et de la Planification de l’ Arabie Saoudite. Puis la délégation s’est rendue à la Banque Mondiale.
Tout cela indique que le pays revient sur les mêmes traces anciennes, les mêmes rapports avec les institutions financières internationales qui se comportent en patronnes et c’est dans cette optique que Conille en chien fidèle du maître a déclaré sans aucune honte : « Nous essayons de les mettre en confiance, de leur assurer que le Conseil présidentiel et le gouvernement ont une vision claire sur ce qu’ils veulent faire. Ils peuvent avancer avec nous. Construire cette confiance est essentiel. Je suis parti avec le sentiment que nos partenaires sont prêts à nous faire confiance, comme c’est le cas pour la population »
Dans l’après-midi du 1euh En juillet, la délégation haïtienne conduite par le Premier ministre s’est rapportée pendant plus de 45 minutes à Jon Finer, conseiller adjoint à la sécurité nationale de l’administration Biden. Selon Conille, il a expliqué au conseiller adjoint sur plusieurs dossiers notamment sur la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS) et l’organisation des élections, élément prioritaire pour les puissances impérialistes de sorte qu’elles renouvellent leurs laquais eu sein de l ‘appareil d’État en Haïti.
A ce sujet Conille a tout bonnement fait remarquer que les Américains se montrent très intéressés et impatients. Voiture » Ils voulaient avoir un compte rendu sur comment avancer avec ce dossier. Je suis certain que dans les prochains jours le CEP sera formé par le Conseil présidentiel de transition »
Plus précisément, pour sa part, réitéré à la délégation haïtienne, le soutien indéfectible des États-Unis au peuple haïtien, « qui souffre depuis trop longtemps aux mains des gangs, avec près de 5 millions de personnes ayant désormais besoin d’une aide alimentaire d’urgence. »
Juste avant le retour de la délégation, elle a rencontré mardi 2 juillet le secrétaire d’État américain Anthony Blinken qui en ces termes accueille la délégation haïtienne : « C’est un moment important pour Haïti, un moment important pour plusieurs pays incluant les États-Unis qui soutiennent ardemment Haïti. Nous avons le Premier ministre et son gouvernement en place, nous avons le Conseil présidentiel et nous avons maintenant le déploiement de la mission multinationale de soutien à la sécurité pour aider la PNH à rétablir le contrôle total de plusieurs zones importantes de Port-au-Prince. et dans le pays. Tout cela pour assurer qu’Haïti retrouve le chemin des élections libres et justes, et pour s’assurer, pendant qu’on avance vers l’avenir, que le soutien de la communauté internationale à Haïti puisse continuer de la façon la plus robuste »
Et à Conille d’enchaîner avec une platitude sans mesure pour remercier son patron « Pendant que nous ne sous-estimons pas les défis que nous attendons, nous sommes extrêmement reconnaissants du soutien de la solidarité du peuple américain et nous aimerions que vous transmettiez également nos remerciements au président Biden qui a été un véritable champion pour Haïti. On pense que les prochaines semaines et les prochains mois seront assez intéressants, mais nous pensons qu’avec l’établissement du Conseil présidentiel et de ce nouveau gouvernement nous sommes prêts à travailler pour relever les défis qui nous attendent. Alors, merci encore de nous recevoir »
L’administrateur colonial des États-Unis en Haïti, Garry Conille, a également été reçu par le secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro, les secrétaires d’État adjoints Brian Nichols et Todd Robinson, l’administrateur adjoint à l’USAID Michael J. Camilleri, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, ainsi que des membres du congrès américain.
C’est l’establishment américain dans sa forme la plus complète qui s’arrange derrière leurs hommes et femmes au Conseil présidentiel et à la Primature pour contrôler le pays. Ainsi fut fait !
Et comme l’a si bien dit l’ancien envoyé spécial des États-Unis en Haïti, l’ambassadeur Daniel Foote, un allié du Groupe Montana, dans une interview au Réseau Haïtien de l’Information (RHINEWS), « Le choix de Garry Conille par le conseil présidentiel était une mise en scène multinationale non transparente, orchestrée par les États-Unis via la CARICOM. Selon lui, Conille continuera à mettre en œuvre les politiques dictées par les États-Unis, l’ONU et les donateurs internationaux, sans se soucier des besoins à moyen et à long terme du peuple haïtien ».