Le lundi 22 juillet 2024, l’ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies, Linda Thomas-Greenfield est arrivée en Haïti à bord d’un avion militaire américain à la tête d’une délégation d’officiels venant des Etats-Unis d ‘Amérique.
Est-ce une visite surprise puisqu’elle n’a pas été annoncée par aucune des institutions haïtiennes ou américaines dans le pays. Il se peut bien que les officiels aient été au courant mais n’avaient pas trouvé nécessaire de l’annoncer publiquement. Mais quel a été en fait l’objectif de cette visite d’une journée de l’ambassadrice accompagnée du Secrétaire d’État adjoint pour les affaires de l’hémisphère occidental, Brian Nichols dans la capitale haïtienne ? Sur son compte X, elle a écrit : « Nous sommes ici pour réaffirmer notre soutien indéfectible à la transition démocratique d’Haïti et à la sécurité de tous les Haïtiens. »
Pour le déroulement de cette visite, l’exécutif haïtien a été amplement mobilisé pour recevoir la représentante des États-Unis auprès des Nations. Rappelons qu’elle a participé à l’orchestration de la honte à savoir elle a plaidé pour le déploiement de la force étrangère baptisée de Mission Multinationale de soutien à la Police Nationale d’Haïti (PNH). Et c’est dans cette perspective qu’elle a visité la base de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS) construite par le gouvernement américain en Haïti.
Cette visite nous prouve une fois de plus combien les Etats-Unis sont obsédés par la division pour mieux régner. Les deux ailes de l’exécutif haïtien n’ont pas rencontré cette délégation en tant qu’un seul corps mais en deux groupes distincts. D’une part, la délégation américaine a rencontré les membres du Conseil présidentiel de transition (CPT) et d’autre part le Premier ministre Garry Conille.
Pour le CPT, ont participé à cette réunion, le Président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) Edgard Leblanc Fils, accompagné des Conseillers : Fritz Alphonse Jean, Frinel Joseph, Smith Augustin, Régine Abraham et Emmanuel Vertilaire.
Au terme de la rencontre avec le CPT, l’officiel américain Linda Thomas-Greenfield a souligné sur son compte X. « J’ai été ravie de rencontrer le Conseil présidentiel de transition (CPT) d’Haïti. Notre engagement envers Haïti comprend le soutien aux réformes de gouvernance, la réduction de la criminalité et la protection des droits de l’homme. Nous apprécions les efforts continus du CPT en faveur de la transparence et d’élections démocratiques »
A la séance de la Primature, le Premier ministre Garry Conille était accompagné entre autres du ministre des Affaires étrangères, Dominique Dupuy, du ministre de la justice Carlos Hercules et du chef de Cabinet du Premier ministre Mesmy Manigat. Les discussions ont été portées sur les besoins actuels du pays en matière de sécurité et d’aide humanitaire, les avancées de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMAS), entre autres.
Les questions à se poser maintenant, pourquoi deux rencontres séparées avec les autorités haïtiennes quand elles ont eu lieu au même endroit à la Villa d’Accueil, à Musseau, le lundi 22 juillet 2024 ? Qui a décidé de ces rencontres séparées, sont-ce les autorités haïtiennes ou est-ce la représentante des Etats-Unis aux Nations-Unies ? Quel qu’en soit celui qui avait pris l’initiative, c’est un acte de non respect de la souveraineté haïtienne et d’insécurité au sein de ce régime mis en place par les Etats-Unis eux-mêmes.
Avant de reprendre l’avion militaire pour retourner dans son pays, l’ambassadrice a dans l’après midi du 22 juillet 2024, a tenu une conférence de presse au salon diplomatique de l’aéroport international Toussaint Louverture au cours de laquelle elle a divulgué des informations de son agenda de ses rencontres en Haïti. Elle a annoncé un don de 60 millions de dollars destiné à soutenir les efforts de lutte contre la crise humanitaire en Haïti. Quelle aumône à ce pauvre pays ! « Ce montant servira à soutenir le peuple haïtien et alléger les souffrances causées par la violence des gangs et l’instabilité politique. Ce fonds va aider les partenaires de l’USAID à combler les lacunes en matière de nutrition, de sécurité alimentaire et de logement. Ils permettront d’améliorer les services d’eau et d’assainissement et de fournir une aide financière afin de permettre aux communautés touchées d’acheter des produits essentiels »
L’ambassadrice est venue nous voir, elle ne pouvait pas s’en aller sans mettre la main à la poche pour nous donner quelques miettes de dollars à ses laquais au pouvoir. Elle a également annoncé que le Département d’État, à travers le « Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs (INL) » compte fournir des véhicules blindés supplémentaires pour aider davantage le personnel de la MMAS à soutenir la Police nationale haïtienne dans la lutte. contre la violence des gangs.
Elle ne manquerait pas d’évoquer le sujet brûlant des élections, sujet capital pour l’empire américain « Je laisse le pays aujourd’hui avec beaucoup d’espoir à cause de ce que nous avons vu sur le terrain. Nous avons beaucoup d’espoir de la part du Conseil présidentiel et du premier ministre Garry Conille. Ils se sont engagés à travailler ensemble afin de réaliser des élections au bénéfice du peuple haïtien. Nous sommes en train de travailler avec l’USAID afin de soutenir la réalisation des élections. Nous travaillons également avec les Nations-Unies sur ces joutes. Nous sommes engagés afin que ces élections soient une réalité »
« Les Haïtiens méritent des élections libres et honnêtes et un gouvernement responsable envers son peuple. Dans ce travail, nous sommes heureux d’avoir comme partenaire le premier ministre Garry Conille que j’avais également rencontré aujourd’hui. Nous avons discuté de sécurité et de crise humanitaire. On a également parlé de la MMAS et de la PNH qui travaillent ensemble afin de restaurer la sécurité », at-elle poursuivi.
Les renseignements donnés par Mme Thomas-Greenfield démontrent que les dirigeants actuels haïtiens ne sont que des marionnettes, qu’ils ne savent rien du déroulement de la présente mission étrangère dans le pays. Ceux-là sont bien des administrateurs coloniaux au service de la Métropole américaine.
Selon Thomas-Greenfield « Pour le moment, nous avons 400 officiers kenyans en Haïti. 200 autres officiers caribéens, originaires de la Jamaïque, vont rejoindre ce groupe. Et le Kenya est en train de former un autre groupe de 600 officiers additionnels qui viendront s’ajouter au groupe. C’est juste le début. Nous allons continuer de travailler avec d’autres pays afin d’obtenir des contributions additionnelles à la mission » « Pour le moment, nous avons 400 officiers kenyans en Haïti. 200 autres officiers caribéens, originaires de la Jamaïque, vont rejoindre ce groupe. Et le Kenya est en train de former un autre groupe de 600 officiers additionnels qui viendront s’ajouter au groupe. C’est juste le début. Nous allons continuer de travailler avec d’autres pays afin d’obtenir des contributions additionnelles à la mission »
« Nous espérons que les autres contingents, provenant de la Caricom, seront bientôt en Haïti, après l’arrivée des premiers contingents kenyans. Il s’agit réellement d’un effort multinational »
Les conseillers présents étaient aux anges de rencontrer un message officiel de leurs patrons. Ainsi le conseiller Alphonse Jean, a indiqué « que la rencontre de ce matin avec l’ambassadrice Greenfield visait à aborder les avancées en matière de sécurité ainsi que les mesures de soutien pour la relance économique. Cette rencontre souligne l’importance de la coopération entre Haïti et les États-Unis dans cette période critique de transition. »
Le Premier ministre Conille a, pour sa part indiqué que la rencontre portait sur l’accompagnement des États-Unis pour relever les grands défis de la transition. « Nous avons rencontré un de nos partenaires les plus importants pour discuter un peu de l’accompagnement que les États-Unis nous donnent dans cette période de transition »
Cette visite dans son contenu comme dans sa forme n’a été qu’une manifestation en bonne et due forme de la domination de l’impérialisme américain en Haïti. L’ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies, Linda Thomas-Greenfield a été accueillie comme une déesse par les fantômes travailleurs politiques au pouvoir à la solde des États-Unis.