NATIONS UNIES, 28 août (IPS) – La crise humanitaire en cours au Soudan, qui est le résultat de la guerre civile qui a commencé l’année dernière, continue de s’aggraver alors que la faim et les déplacements frappent la population, selon le porte-parole du secrétaire général des Nations Unies, Stéphane Dujarric, lors d’un point de presse le 21 août.
La guerre civile a éclaté en avril 2023 lorsque les forces armées soudanaises et les forces de soutien rapide ont lancé un violent conflit armé dans la capitale Khartoum. Selon les rapports du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), plus de 18 800 civils ont été tués et plus de 33 000 blessés dans les échanges de tirs.
En outre, Edem Wosornu, directeur des opérations et du plaidoyer à l’OCHA, a déclaré lors d’une conférence de presse le 6 août que le siège prolongé et le conflit entre les deux parties ont entraîné le viol de nombreuses femmes et filles.
L’insécurité alimentaire est actuellement le problème le plus urgent auquel le Soudan est confronté. Stephen Omollo, directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM) pour le lieu de travail et la gestion, a souligné que « la famine sévit dans le camp de Zamzam, près d’El Fasher, dans le nord du Darfour, et que d’autres zones du Darfour et d’ailleurs sont à haut risque, avec plus de la moitié de la population du pays confrontée à des niveaux de faim critiques ».
Le PAM et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) s’emploient actuellement à distribuer de la nourriture aux zones les plus touchées par la famine, comme le Darfour occidental, où 13 000 personnes sont menacées de famine. Wosornu a ajouté que les 26 millions de personnes qui souffrent de faim aiguë au Soudan représentent trois fois la population de la ville de New York.
Un porte-parole du représentant du Royaume-Uni à l’ONU a ajouté qu’environ 100 Soudanais mourraient de faim chaque jour jusqu’à ce que le conflit soit réglé.
En outre, en raison du conflit armé intense qui fait rage dans la capitale Khartoum et dans la région du Darfour, de nombreuses communautés ont été contraintes de se déplacer. Le conflit au Soudan est considéré comme la plus grande crise de déplacement au monde, avec pas moins de 10,7 millions de personnes déplacées vers d’autres régions du Soudan et davantage fuyant vers les pays voisins, selon OCHA.
«Depuis le début de la série actuelle d’hostilités au Soudan, plus de 780 000 hommes, femmes et enfants ont traversé la frontière et se sont dirigés vers la ville de Renk», a déclaré Dujarric.
En outre, plus de 5 millions d’enfants ont été déplacés à l’intérieur du pays et 19 millions d’enfants n’ont pas accès à l’éducation en raison de la fermeture de 90 % des écoles. Le Soudan est ainsi l’un des pays connaissant l’une des pires crises éducatives au monde.
Pour que l’aide humanitaire soit utilisée de manière efficace, il est impératif que le conflit cesse le plus rapidement possible. Les sièges et les combats incessants empêchent la communauté humanitaire au Soudan ainsi que les Nations Unies de fournir une aide vitale.
Les camions d’aide humanitaire ont été gravement bloqués au Soudan. Les autorités soudanaises ont empêché l’utilisation du point de passage d’Adre, qui est pourtant la voie la plus efficace pour acheminer l’aide. En outre, de nombreux travailleurs humanitaires ont été attaqués, kidnappés et harcelés.
Selon Mme Wosornu, « le conflit doit cesser pour permettre l’acheminement rapide de l’aide humanitaire dans tout le pays. Les parties belligérantes doivent respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire. Il faut également un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave à travers le Soudan par tous les moyens possibles et davantage de ressources, notamment un financement flexible ». Elle ajoute que si ces conditions étaient remplies, la situation actuelle au Soudan serait bien moins désastreuse.
Dujarric a ajouté que « les soldats de la paix ont établi une base temporaire dans la région (de Renk, au Soudan) et contribuent à assurer la livraison sûre de l’aide, en fournissant une protection pour dissuader la violence entre diverses communautés forcées de vivre ensemble dans des conditions de surpopulation et de partager des ressources en diminution ».
Actuellement, les autorités soudanaises nient l’existence d’une grave crise de la faim et affirment qu’il n’y a aucune entrave à l’aide humanitaire. Un délégué du Soudan a déclaré que les conditions de vie dans le camp de déplacés de Zamzam ne répondent pas aux critères d’une déclaration de famine. En outre, ils ont déclaré qu’il n’y avait pas de décès dus à la faim. Ils ont réitéré que l’aide n’était pas entravée par le gouvernement soudanais, mais que la faute en incombait aux Forces de soutien rapide.
L’ONU et le PAM négocient actuellement avec les autorités soudanaises une augmentation du nombre de camions d’aide et une utilisation accrue du passage d’Adre, qui rendrait les points de distribution clés beaucoup plus facilement accessibles. Il est essentiel que l’aide soit fournie de manière constante, car 12 zones sont confrontées à des niveaux de famine importants.
En outre, l’ONU prévoit qu’environ 2,7 milliards de dollars seront nécessaires pour l’appel humanitaire au Soudan. À la date de publication, ce plan n’a été financé qu’à hauteur de 32 pour cent, avec un total de 874 dollars collectés pour cet effort. Il est crucial que les donateurs contribuent financièrement car le Soudan est actuellement au bord de l’effondrement, en proie aux plus grandes crises du monde en matière de déplacement, de faim, d’éducation et de violence.
Rapport du Bureau IPS de l’ONU
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