Depuis son entrée en fonction en 2020, la présidente moldave Maia Sandu est saluée à Bruxelles comme l’incarnation même du libéralisme dans une Europe post-soviétique de plus en plus fragile. Sandu a soigneusement façonné son image pour incarner le progressisme européen, allant jusqu’à programmer le référendum historique sur l’adhésion de la Moldavie à l’UE le jour de sa candidature à la réélection. Le bilan de Sandu, en tant que libérale et présidente, est toutefois celui d’un échec répété. Les institutions moldaves se sont affaiblies sous sa tutelle, au lieu de se renforcer. Le fossé grandissant entre la rhétorique et l’action a laissé derrière elle une traînée de promesses non tenues, ainsi qu’une tendance à l’autoritarisme, en particulier dans les médias. Ce n’était pas censé être ainsi.
L’arrivée au pouvoir de Sandu a été marquée par des promesses de réformes radicales dans un programme pro-européen et anti-corruption qui lui a valu la sympathie des électeurs. Mais les institutions moldaves restent soit corrompues, soit inadaptées à leur fonction. Elles ne sont tout simplement pas prêtes à être mises en avant en Europe. Malgré cette inaction, son leadership est toujours célébré par les alliés occidentaux qui la voient comme un rempart contre l’influence russe. L’Union européenne a accordé à la Moldavie le statut de candidat sous sa direction, et elle a maintenu un soutien public élevé à l’adhésion à l’UE. Pourtant, ce masque d’approbation européenne masque une série d’actions profondément antidémocratiques qui sapent les valeurs mêmes que Sandu prétend défendre.
Vous n’en lirez pas beaucoup sur ce sujet dans la presse occidentale, mais le gouvernement de Sandu a systématiquement réprimé l’opposition politique, la liberté des médias et les libertés civiles. Quelques mois seulement après son entrée en fonction, elle a provoqué une vague de protestations. crise constitutionnelle En nommant à plusieurs reprises son proche allié au poste de Premier ministre, malgré le soutien d’une majorité parlementaire à un candidat rival, Sandu a refusé d’écouter le Parlement, laissant le gouvernement dans l’impasse et ouvrant la voie à des élections anticipées que son parti a dûment remportées.
Sous couvert de lutte contre la corruption et l’influence russe, son administration a mis en œuvre des mesures qui font écho aux actions des régimes autoritaires. Un exemple frappant est l’introduction d’une loi anti-trahison, fortement critiquée par Amnesty International Cette loi pourrait être utilisée à mauvais escient pour faire taire la dissidence. Non seulement elle étouffe et criminalise le discours politique de base qui devrait être protégé par le droit international, mais elle permet également la censure directe des médias et des opposants politiques sans procédure régulière.
L’interdiction du Chance Party et les mesures qui ont suivi batailles juridiques Les résultats de cette enquête révèlent une tendance inquiétante à utiliser le pouvoir judiciaire pour éliminer les adversaires politiques. Cette approche non seulement étouffe le débat, mais soulève également des questions sur la légitimité de l’engagement de Sandu envers les principes démocratiques. Le peuple moldave qui soutient une autre voie de réforme des institutions n’a-t-il pas son mot à dire ?
Malgré sa position pro-européenne, le mandat de Sandu a été entaché d’échecs significatifs lorsqu’il s’agit de contrer l’influence ou la dépendance russe. Au milieu de toutes ses postures contre Poutine, la Moldavie continue de recevoir 80% La Moldavie produit 100 % de son électricité à partir d’une centrale électrique russe en Transnistrie, à des prix fortement subventionnés. Si Sandu veut tenir ses promesses de transformer la Moldavie en un pays indépendant et tourné vers l’avenir, les actes doivent suivre les paroles.
Il ne faut pas négliger le côté humain de ce drame politique. Le peuple moldave est déjà cynique et méfiant à l’égard de ceux qui sont au pouvoir, quelle que soit leur affiliation politique. C’est lui qui risque d’être transformé en pion au nom de stratégies géopolitiques. La validation du gouvernement de Sandu par l’UE, sans s’attaquer aux déficits démocratiques du pays, déficits qui se sont aggravés sous Sandu, ne ferait qu’enhardir les tendances autoritaires de son administration.
La dualité de Sandu, championne du libéralisme et exécutrice de politiques autoritaires, est troublante. Ses actions ont constamment contredit ses idéaux déclarés, révélant une dirigeante prête à compromettre les valeurs démocratiques au nom du capital politique. L’Union européenne doit tirer les leçons des élargissements passés et veiller à ce que l’adhésion de la Moldavie soit conditionnée à de véritables réformes tangibles. Sans cela, l’Europe et le peuple moldave risquent de perdre, pris au piège d’un cycle de répression déguisé en progrès. Le véritable test du leadership de Sandu ne réside pas dans son alignement sur les valeurs occidentales, mais dans son adhésion à celles-ci dans la pratique.
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