Ce n’est pas un accident de l’histoire, si la République d’Haïti dans laquelle règne un pouvoir désuet, corrompu et pourri, à fini par arriver au bord du gouffre. Tout a été mis en œuvre pour que nous sombrions dans cette lugubre situation, allant même jusqu’au chaos total.
Ce projet a été un véritable succès, il nous a amené là où les forces obscures le voulaient. Mais, malgré tout, la résistance haïtienne a obligé l’impérialisme à redoubler d’efforts pour renforcer sa présence par une sorte d’ingérence à outrance, ce qui, malheureusement, a placé le pays dans une arrivée socio-économique profonde.
Cette ingérence politique de l’impérialisme occidental ne pouvait être mieux illustrée que lors de la rencontre qui a eu lieu le samedi 24 août 2024 au siège de la Primature, entre le Premier Ministre, Dr Garry Conille, accompagné de la ministre des Affaires Etrangères et des Cultes, Mme. Dominique Dupuy, de l’ambassadeur américain en Haïti, M. Dennis H. Hankins, et de M. Sidi Diawara du Burkina Faso, expert onusien des questions électorales qui a occupé des postes de direction dans plusieurs organisations internationales, dont Oxfam, NDI, TrustAfrica, IFES et le PNUD.
Selon une note publiée sur le site Facebook du bureau de communication du Premier ministre, l’objectif de cette réunion a été de discuter du processus et des préparatifs liés au projet de Conférence nationale, de la réforme constitutionnelle et de l’organisation des élections générales dans le pays. Un tel agenda politique ne relève-t-il pas tout simplement de la souveraineté nationale d’un État ? Maintenant, la question est : que viennent faire ces personnalités étrangères dans ce domaine pertinent exclusivement de la souveraineté haïtienne ? Que chercher vient un diplomate étranger à une quelconque réunion sur la mise en place des institutions haïtiennes s’il n’est pas partie prenante du pouvoir en place ? A toutes ces interrogations, la réponse est claire : ces individus n’ont pas leur place.
Dans la mesure où, aucun ambassadeur haïtien ou autre d’ailleurs ne peut en aucune circonstance et sous aucun prétexte participer à une pareille réunion à Washington. Concernant les joutes électorales américaines, il ne peut même pas donner son avis sur tel ou tel candidat. Alors, sous quel critère cela peut-il être possible, arriver et être accepté en Haïti, si ce n’est par l’irresponsabilité des criminels renégats qui ont renié et vendu leur patrie à des forces étrangères ?
Que chercher vient un diplomate étranger à une quelconque réunion sur la mise en place des institutions haïtiennes s’il n’est pas partie prenante du pouvoir en place ?
La décision d’organiser une Conférence Nationale ainsi qu’une réforme constitutionnelle et l’organisation des élections générales reviennent particulièrement aux haïtiens qui devraient s’asseoir ensemble autour d’une table et décider en commun accord comme une élite responsable et digne pour discuter et réfléchir sur l’avenir de leur pays. Quelque pays que ce soit, fût-il la première puissance mondiale, ne devrait pas y être invité. Pourtant, le représentant américain en Haïti jouant son rôle de Proconsul ou de Gouverneur, est présent et participe avec son soi-disant expert. Dans quel but et pour quoi faire ? Tout d’abord, on imagine assez mal qu’un représentant étranger ait pu participer à une telle planification sans qu’on l’ait invité.
Alors, la question qu’on doit poser au Premier ministre, c’est qui a invité Hankins et Diawara ? Avant même d’avoir la réponse, on peut en déduire que rien d’étonnant, si ce ne sont eux qui ont convoqué le soi-disant chef du gouvernement fonctionnant en tant qu’Administrateur colonial des Etats-Unis d’Amérique en Haïti. Dans ces conditions, il y a tout lieu de penser que le Premier ministre Conille qui dirigeait cette soi-disant réunion n’était là, en réalité, que pour recevoir des directives de ces diplomates étrangers.
En fait, ce qui s’est passé à la Primature n’est pas l’expression d’une simple ingérence mais bien d’une manifestation dévoilant le caractère de soumission et d’allégeance des prétendus dirigeants haïtiens acceptant sans équivoque la domination de l ‘l’impérialisme américain.
C’est dans cette même veine que l’ambassadeur américain en Haïti en visite dans le Nord du pays le mardi 20 août 2024 dernier se moquait des Haïtiens au sujet des sanctions imposées par le Département du Trésor des États-Unis à l’encontre de l’ancien Président Michel Martelly. Nat-il pas déclaré que « Nous avons pris tout ce temps pour imposer des sanctions à Michel Martelly car nous avions prévu nous assurer que toutes les preuves étaient rassemblées et que la décision prise était justifiée. ». Cette attitude de Hankins et sa déclaration aberrante voire cocasse sont d’autant plus significatives qu’elles exprimaient probablement une offensive diplomatique de sorte que le gouvernement appliquerait les consignes de leurs patrons, leurs maîtres à penser à Washington.
La présence de l’ambassadeur à cette réunion accompagnant l’expert électoral de l’ONU Sidi Diawara ne sera assuréement pas sans lendemain. Cela étant, il n’y a pas de doute que cette réunion viserait à étouffer toutes les voies progressistes de façon à relancer les processus de recolonisation effectifs du pays. L’essentiel est de reconnaître cette menace et d’y faire face en unissant les masses travailleuses, les forces progressistes et anti-impérialistes luttant pour la défense de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale du pays pour contrecarrer cette offensive.
En vérité, la profonde crise sociale, économique et politique qui traverse Haïti ne sera pas résolue par des initiatives ou interventions de l’impérialisme américain ou par des façades d’organisations internationales à son service comme l’ONU, l’OEA ou la CARICOM. . Bien au contraire, toutes ces manœuvres à dessein ne font que plonger le peuple haïtien plus profondément dans la misère, le chaos et l’assujettissement à l’impérialisme. Cette réunion est un nouveau chapitre de la longue crise d’ingérence et d’oppression impérialiste américaine sur le territoire national pour falsifier notre histoire. Cette domination américaine est la conséquence de l’incapacité des élites sociopolitiques responsables de l’effondrement de l’État haïtien.
Or, l’objectif primordial de cet encombrant voisin est d’éviter qu’Haïti puisse entreprendre la voie d’une véritable indépendance politique et économique afin qu’elle puisse exercer souverainement son autorité sur le territoire national. Quel que soit l’écho que cette initiative suscitera, elle constituera un exemple et l’illustration de la mainmise complète de l’Administration américaine sur les institutions haïtiennes tout en accentuant la déstabilisation du pays. L’urgence est de se débarrasser de cette domination impérialiste, bouter le colonialisme hors de cette terre qui nous est sacrée. Car, c’est la seule condition pour assurer le salut du peuple haïtien.