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La capitale d’Haïti, Port-au-Prince, s’est réveillée jeudi pour le quatrième jour sous la violence généralisée des gangs. Un état de panique a contraint les habitants à rester chez eux depuis le lundi 11 novembre, les écoles fermant leurs portes et les banques commerciales et les magasins suspendant leurs activités. Les vols vers Haïti, y compris ceux de l’ONU, ont été suspendus, tandis que des habitants continuent d’être tués, dont un médecin.
PORT-AU-PRINCE — La capitale d’Haïti s’est réveillée jeudi 14 novembre pour le quatrième jour sous la violence généralisée des gangs. Depuis le 11 novembre, les habitants sont confrontés à des attaques criminelles, à des rues désertes et à des maisons incendiées dans certains quartiers. Parmi les victimes figuraient la Dre Deborah Pierre, urologue, et Jeff Petit-Dieu, un policier de l’équipe spéciale d’armes et de tactiques (SWAT).
Petit-Dieu, membre de la 31e promotion de police, a été tué mercredi 13 novembre lors d’affrontements avec des membres du gang « Viv Ansanm » à Solino. Il a été transporté à l’hôpital mais a succombé à ses blessures à l’entrée.
Pierre, l’une des seules urologues haïtiennes du pays, a perdu la vie en tentant d’évacuer son père d’un quartier en proie à des violences, selon un communiqué des urgences de l’hôpital Canapé-Vert, où le personnel a rendu hommage à son engagement. à la médecine et à Haïti.
« Nous exigeons des mesures immédiates et concrètes pour protéger les professionnels de la santé et les citoyens de ce pays qui, comme Deborah, œuvrent pour un avenir meilleur », indique le communiqué.
« Sa mort représente un coup dur non seulement pour sa famille et notre équipe, mais aussi pour tous les professionnels de santé qui mettent leur vie en danger pour mener à bien leur mission.
Petit-Dieu et Pierre sont des victimes dont les cas ont été signalés mais bien d’autres ont également été victimes des violences des gangs entre le 11 et le 14 novembre, coïncidant avec l’arrivée d’un nouveau Premier ministre à la tête du gouvernement de transition. A l’hôpital de Médecins Sans Frontières, des victimes par balle du quartier Solino ont été signalées par Le temps haïtien correspondants le 12 novembre.
Port-au-Prince se réveille avec un quatrième jour de violence généralisée
Entre le 11 et le 14 novembre, toutes les écoles du centre-ville de Port-au-Prince ont été fermées. Plusieurs grandes et moyennes entreprises, notamment le long de la route de Delmas, ont cessé leurs activités au cours de la semaine. Les banques commerciales ont également gardé leurs portes fermées pour éviter de se faire voler.
Des groupes armés sont descendus dans les rues, avec au moins 20 affrontements armés et plusieurs barrages routiers érigés, limitant les déplacements à travers la ville, a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
Ces jours de panique ont semé la peur parmi les habitants de la capitale et affectent les opérations humanitaires dans tout le pays, notamment l’inaccessibilité persistante de la route menant au port maritime.
Les Nations Unies ont annoncé mardi la suspension de ses vols humanitaires vers Haïti, retardant le transport de 20 camions de nourriture et de fournitures médicales essentielles vers le sud du pays, suite à la fermeture de l’aéroport international Toussaint Louverture par les autorités haïtiennes en raison d’actes récents de violences dans la capitale.
« Tous les vols de l’ONU ont été suspendus, limitant évidemment le flux de l’aide humanitaire et du personnel humanitaire dans le pays », a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, lors d’un point de presse le 12 novembre.
« Nous faisons tout notre possible pour assurer la poursuite des opérations dans cet environnement difficile. »
Dans des zones telles que le Carrefour de l’Aéroport, Trois Mains, l’autoroute de Delmas et Nazon, les véhicules de transport public étaient rares. Dans les rues, il n’y avait pas une grande foule comme d’habitude avant cette semaine de violences.
Les habitants des quartiers qui n’ont pas encore été attaqués par les gangs, ou ceux vivant dans des quartiers contrôlés par des gangs, vivent dans la peur et le désespoir ce jeudi 14 novembre, marquant quatre jours de violences dans la capitale.
«Je n’ai pas le moral», a déclaré un habitant au Haitian Times. L’habitant qui a souhaité rester anonyme par crainte de représailles, vit à la Butte Boyer, un quartier contrôlé par le gang Chen Mechan. « Je ne suis vraiment pas bien pour cette nouvelle journée. Depuis ce matin, je pleure et j’ai peur.
Dans la Butte Boyer, le bruit des tirs automatiques est constant. Des coups de feu ont été entendus tout au long de la semaine. Les gens restent chez eux, a ajouté le résident.
« Je suis ici tranquillement, mais les habitants ne sortent pas », raconte un autre habitant de Jérusalem 8, un quartier contrôlé par le gang taliban de Canaan.
« Il n’y a pas de coups de feu, mais ils ne veulent pas que les gens sortent », a ajouté la résidente, faisant référence aux membres du gang qui contrôlent son quartier.
En réponse aux événements de cette semaine, le Syndicat National de la Police Haïtienne (SYNAPOHA) a lancé un appel pour la fourniture de fournitures et d’équipements aux policiers haïtiens, notamment ceux de la Brigade Mobile d’Intervention (CBIM), qui font face à des attaques de gangs dans le Commune de Tabarre.
« Le Synapoha demande à la Direction de la Police et à la DCPA de doter le CBIM du matériel nécessaire pour qu’il puisse contrer efficacement les attaques des bandes armées à Tabarre et permettre à la population de circuler librement », a indiqué le syndicat dans un message publié sur X (anciennement Twitter) mercredi.