Le 19 décembre 2023 dernier, la nouvelle avait fait le tour du pays. Elle avait étonnement frappé autant l’opinion nationale qu’internationale, quand le Conseil des ministres que dirige le Premier ministre de facto Ariel Henry avait finalement décidé qu’il allait ainsi que d’autres ministres se présenteraient par devant le juge instructeur du dossier d ‘assassinat du président Jovenel Moïse.
Rappelons que la première tentative de convoquer le Premier ministre dans ce dossier avait eu lieu le mardi 14 septembre 2021 à 10 du matin par le Parquet de Port-au-Prince. D’autant que le commissaire d’alors Me Bed-Ford Claude avait reçu de la Digicel, pendant la période allant du 1er au 15 juillet 2021, les relevés d’appels entre le Dr Ariel Henry et Joseph Félix Badio qui lui-même a a été accusé en tant que l’un des principaux suspects du crime d’assassinat.
Cette invitation du commissaire au Premier ministre lui avait couté sa place ainsi que le ministre de la justice d’alors Me Rockfeller Vincent. Car le commissaire du gouvernement avait même menacé l’interdiction de sortie du territoire à Ariel Henry « pour des présomptions graves d’assassinat sur le président de la République »
Enfin, le Premier ministre a révoqué le procureur Claude en lui écrivant dans une lettre rendue publique en ces termes : « J’ai l’avantage de vous informer qu’il a été décidé de mettre fin à votre fonction pour une faute administrative grave » et justement l’a remplacé à ce poste par un certain Frantz Louis Juste qui pourtant n’a pas fait long feu, car il a été lui également remplacé par le magistrat Me Jacques Lafontant.
Depuis ce crime odieux quatre juges ont eu le privilège de conduire ce dossier à titre de magistrat d’instruction. Le juge Gary Orélien, Mathieu Chanlatte, Chavannes Etienne, Merlan Belabre et le dernier en date qui le lundi 31 juillet 2023 avaient manifesté un désir ardent d’entendre le Premier ministre sur ce dossier brulant comme témoin. Il avait brandi l’article 398 du Code d’Instruction Criminelle pour justifier son souhait.
Entre temps Félix Badio a été miraculeusement arrêté le 19 octobre 2023 par le commissaire de la police de la commune Pétionville Ernst Dorfeuille lui-même. Ainsi, après avoir entendu Badio, le juge Walter dans une ordonnance a clairement indiqué, qu’il voulait en fait entendre à titre de témoin les nommés Ariel Henry, Ricard Pierre, Ministre de la Planification, Michel Patrick Boisvert, Ministre des Finances, Guyto Edouard, Directeur Général de la DINEPA, Amos Zéphirin, Directeur Général du MICT et Jeantel Joseph Directeur Général de l’ANAP et le 19 décembre dernier le Conseil des ministres a approuvé la demande du juge.
Est-ce une mascarade de plus se demande plus d’un, de voir avec quelle facilité et rapidité, le gouvernement répond au juge et le mardi 26 décembre Ariel a répondu aux questions du magistrat ?
Etait-ce un cadeau de Noël ou de jour de l’An donné à Ariel par le juge Walter Wesser Voltaire pour enfin le blanchir de tout soupçon dans cet assassinat crapuleux ? Nous sommes en Haïti et nous savons tous que la justice se vend à tous les prix. Ce qui nous parait bizarre, c’est le ministère de la Culture et de la Communication qui dans une publication a relaté que « Aujourd’hui, le 26 décembre 2023, le juge d’instruction Walter W. Voltaire, accompagné de son greffier, a auditionné le Docteur Ariel Henry en qualité de témoin » Il semblerait que c’est le juge qui était allé trouver le Premier ministre, mais Ariel n’a pas été au Parquet du Tribunal de première instance de Port-au-Prince. Et la note de conclure comme une manifestation de la démocratie « C’est la preuve que, dans notre pays, personne n’est au-dessus de la loi et qu’il est de notre devoir à tous de faire ce qui est en notre pouvoir pour que la justice soit rendue au Président Moïse, à sa famille et à la nation tout entière »
Des observateurs politiques ont même indiqué que, si c’est ainsi, Ariel n’avait aucune crainte, aucune hésitation. En fait, il a eu quand bien même un quelconque arrangement avec le juge instructeur.
Rien d’étonnant, car on est en Haïti et avec de l’argent tout est possible.