Anurag Kashyap, libre et sans restriction, repousse les limites avec ses idées organiques. Il n’est pas seulement un cinéaste mais une voix de son époque, mettant en lumière des histoires inédites. Son talent unique réside dans son habile mélange de politique, d’humour et de fiction, créant ainsi des expériences véritablement divertissantes.
Son nouveau film, Kennedy, reflète notre réalité contemporaine, offrant une relativité saisissante. Son premier cadre illustre comment la police de la ville est confrontée à une grave baisse de sa réputation après la pandémie. Un extrait du poème de William Wordsworth, « Résolution et indépendance », résonne, abordant la transition de la vigueur juvénile à la désolation ultérieure. Ici, nous assistons à un flic autrefois imprudent, qui tue désormais des vies par imprudence, et à un assassin, portant le poids d’une perte douloureuse. Anurag dépeint magistralement la désolation et l’isolement d’Uday. Tout cela se déroule alors que nous subissons la quarantaine, isolés dans un bâtiment voisin, tandis que Shetty mène ses actes meurtriers dans la ville.
Kashyap se lance sans crainte dans la politique, contestant ouvertement le système et abordant les problèmes en temps réel. Son audace transparaît lorsqu’il fait franchement référence au personnage responsable de notre électricité et potentiellement de la direction de la nation, le surnommant avec humour « Bade Papa ». Un retour prometteur qui souligne son engagement sans faille à aborder des sujets pertinents.
Rahul Bhat est un acteur au potentiel inexploité, et les cinéastes devraient le reconnaître. Dans le film, Bhat ancre l’histoire avec sa performance discrète et expressive. Sa capacité à transmettre la douleur d’un père désirant ses enfants met en valeur son talent de grand acteur.
Sunny Leone convient parfaitement au casting. Son personnage est quelqu’un qui reste désemparé au milieu du chaos et qui ne s’ouvre vraiment que lorsqu’elle est ivre. Son rire sert de mécanisme d’adaptation dans un monde difficile. Même si son personnage aurait pu être plus développé, son rôle présente un potentiel évident.
Tous les autres acteurs sont brillants dans leurs rôles respectifs.
Anurag Kashyap, en tant que réalisateur, tente de créer un personnage obsédant. Ce fantôme symbolise la nature sombre et implacable de la ville. Il est tourmenté par les esprits de ceux qu’il a tués, engageant même des conversations avec sa première victime. La direction de Kashyap est captivante, en particulier dans la façon dont il passe d’une période à l’autre, retenant votre attention tout au long.
Aamir Aziz et Boyblanck collaborent pour créer un album captivant, dans la lignée du style d’Anurag Kashyap. Les éléments poétiques ajoutent une couche intrigante à ce monde déjà énigmatique. En revanche, la musique composée par Ashish Narula est envoûtante et vous tient toujours en haleine.
Dans l’ensemble, Kennedy est un film important qui met en valeur l’avidité et la vengeance d’une manière que nous n’avons jamais vue auparavant. Les questions qu’il pose intriguent et nous font remettre en question nos propres fondamentaux.
Kashyap est de retour dans son élément et nous espérons qu’il y restera.
(‘Kennedy’ est actuellement projeté au JIO MAMI Mumbai Film Festival)