Les races de chiens comme les bouledogues français, les carlins et les teckels peuvent souffrir d’une surdose de gentillesse. Essentiellement, la sélection sélective des caractéristiques qui les rendent populaires rend plus difficile pour certains d’entre eux de mener une vie normale.
«C’est vraiment incroyable ce que les gens ont fait avec ce qui est censé être notre compagnon», déclare Enid Stiles, vétérinaire à Montréal qui exerce depuis plus de deux décennies. « Malheureusement, nous avons réussi à les gâcher totalement. »
Quelle est l’histoire de l’élevage de chiens ?
Tous les chiens descendent à l’origine de loups sauvages, qui ont été domestiqués pendant une longue période. il y a entre 15 000 et 30 000 ans. La transition du statut de compétiteur à celui d’animal de compagnie n’a cependant pas toujours été fluide, car les humains mangeaient souvent ces animaux aux premiers jours de la domestication.
Qu’est-ce que la sélection sélective ?
Une fois que les chiens ont commencé à devenir un élément fixe dans les sociétés humaines, les gens ont commencé à changer de forme grâce à l’élevage sélectif. Au début de cette période, ces changements étaient souvent apportés pour remplir une fonction : leur taille a augmenté dans certaines parties de l’Europe il y a entre 8 000 et 2 000 ans, par exemple, pour contribuer à protéger le bétail de ses homologues sauvages et d’autres prédateurs.
Mais à l’époque romaine, les preuves montrent que nos compagnons canins ont commencé à diminuer, les chiens de poche devenant plus populaires. En effet, les scientifiques ont utilisé la datation au radiocarbone sur un crâne vieux de 2 000 ans pour déterminer que Les Romains ont peut-être été parmi les premiers à élever délibérément des chiens de pocheselon une étude publiée dans le Journal des sciences archéologiques en 2023.
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Comment fonctionne la sélection sélective ?
L’élevage de chiens pour encourager certains traits se déroule sur plusieurs générations. Si vous voulez de la taille, par exemple, vous essayez de reproduire les plus gros mâles avec les plus grosses femelles. À partir des portées produites, vous sélectionnez à nouveau les plus gros individus et vous les reproduisez ensemble.
Les femelles adultes produisent en moyenne environ une demi-douzaine de chiots par portée tous les 6 à 8 mois et atteignent la maturité sexuelle au bout de 1,5 à 2 ans. Bref, il ne faut pas longtemps pour commencer à constater des changements dans une race.
« C’est le bon et le mauvais d’élever des chiens », dit Stiles. « Vous pouvez constater rapidement des changements positifs, mais vous pouvez également constater rapidement des changements préjudiciables. »
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Comment l’élevage peut-il causer des problèmes de santé ?
L’élevage sélectif ne pose pas toujours un problème majeur, surtout s’il se déroule sur une longue période, comme c’est le cas pour de nombreuses races de chiens plus anciennes. Un problème survient avec les goulots d’étranglement génétiques, lorsque seuls quelques chiens sont surutilisés pour produire des portées. Cela signifie souvent que beaucoup d’entre eux sont consanguins, car des frères et sœurs, des cousins ou d’autres parents proches sont croisés pour sélectionner les caractéristiques souhaitées.
Mais même lorsqu’ils ne sont pas étroitement liés, les traits souhaités peuvent eux-mêmes causer des problèmes. Un trait qui a causé un certain nombre de problèmes est un visage plat avec un petit nez – une caractéristique de races comme les carlins et les bouledogues anglais et français connus sous le nom de races brachycéphales.
Comme le museau de ces chiots est devenu plus court, cela a affecté leur capacité à respirer par le nez. De nombreux bouledogues et carlins français ne peuvent aspirer l’air que par la bouche. Mais même si leur bouche est plus petite que celle des loups, leur palais reste relativement grand, ce qui signifie que même la respiration buccale est partiellement obstruée.
« Vous pouvez l’entendre », déclare Stiles, président du groupe de travail sur le bien-être animal de l’Association mondiale vétérinaire.
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Quels autres problèmes la sélection sélective peut-elle causer ?
Les problèmes respiratoires peuvent entraîner un certain nombre d’autres problèmes chez ces races brachycéphales. Par exemple, ils peuvent avoir des problèmes avec la chaleur et l’exercice physique, car ils ne peuvent pas absorber suffisamment d’oxygène pour alimenter leur activité. Le halètement intense peut entraîner un travail excessif sur l’abdomen, ce qui peut entraîner des hernies et d’autres problèmes au fil du temps, explique Stiles.
« J’adore ces chiens, ce sont de magnifiques petits toutous », dit-elle. « Mais ils ne peuvent pas respirer et, par conséquent, ils ont tellement d’autres problèmes. »
De plus, même si leur bouche a été raccourcie par élevage sélectif, tous les chiens adultes ont encore 44 dents. Ce n’est pas toujours un problème pour les races à gros museau comme les bergers allemands, mais les carlins et les bouledogues français ont souvent des problèmes dentaires en raison de toutes ces dents qui se disputent l’espace dans leur bouche.
Par exemple, les dents peuvent rester coincées dans les gencives ou tourner dans la bouche lorsqu’elles tentent de se faufiler dans un espace plus petit. Ces problèmes peuvent entraîner des problèmes de mastication et des infections chez de nombreuses races brachycéphales.
De plus, les races comme les carlins ou les bouledogues à queue petite ou tordue peuvent également avoir des problèmes de dos en raison d’un élevage sélectif.
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Quelles sont les races de chiens les plus malsaines ?
La gentillesse, qui explique sans doute pourquoi les chiens comme les carlins, les bouledogues français, les épagneuls cavaliers King Charles et les bouledogues anglais sont élevés pour avoir des visages plats, est un problème. Mais d’autres problèmes liés à l’apparence affectent également des races comme les bergers allemands et les teckels.
Teckels
Les chiens Wiener, ou teckels, ont été élevés pour avoir des pattes courtes et un corps long. À l’origine, ce type d’élevage sélectif visait à créer des canines capables d’attaquer les blaireaux dans leurs trous – en fait, le Le nom allemand « teckel » se traduit par « chien blaireau ».
Mais les éleveurs ont opté pour un dos plus long et des pattes plus courtes au fil du temps. Ces caractéristiques peuvent poser problème lorsque l’on saute des canapés et des sièges d’auto, ou lorsque l’on utilise les escaliers, entraînant des problèmes tels que le prolapsus discal : la Fédération des universités pour le bien-être des animaux au Royaume-Uni. estime qu’environ un quart des teckels subissent des lésions discales dans la colonne vertébrale à un moment donné de leur vie.
Dans le pire des cas, les teckels peuvent même être paralysés à cause de blessures au dos.
Bergers allemands
Les bergers allemands, en revanche, ont été élevés au cours des dernières décennies avec un dos de plus en plus incliné, de sorte que leurs épaules sont beaucoup plus hautes que leurs hanches.
« Je suppose que ça leur donne un air assez royal, » dit Stiles.
Cependant, cette apparence inclinée peut entraîner des problèmes au niveau des hanches, tels que myélopathie dégénérative — une maladie qui commence par une faiblesse des membres et peut évoluer vers une paralysie des deux pattes postérieures.
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Pourquoi continuons-nous toujours à nous reproduire pour être mignons ?
Sûrement, puisque nous avons impliqué nos animaux de compagnie dans ce problème, nous pouvons les faire ressortir en utilisant des techniques similaires en matière d’élevage sélectif. Mais le problème persiste, car les éleveurs continuent de sélectionner des traits mignons qui ne conduisent pas toujours à des chiots en bonne santé.
Une partie du problème réside dans les normes fixées par les notions de ce qui constitue une race pure. Ces notions ne sont pas aussi claires que beaucoup le pensent : elles sont souvent définies par des clubs d’éleveurs et des compétitions canines, où les individus de certaines races sont souvent récompensés pour exactement les mêmes caractéristiques qui causent des problèmes de santé.
Certains clubs canins nationaux – ou registres d’éleveurs de race pure – s’efforcent de modifier ces normes, dit Stiles, mais ils ne peuvent pas tout contrôler.
Au-delà de cela, les publications sur les réseaux sociaux sur Instagram ou Facebook propagent souvent la popularité de bon nombre de ces races ; Les bouledogues français étaient la race de chien la plus populaire en 2022, selon l’American Kennel Club.
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Comment les gens peuvent-ils aider leurs animaux de compagnie ?
En fin de compte, ce sont les futurs propriétaires d’animaux qui suscitent l’intérêt pour ces races. Dans son cabinet vétérinaire, Stiles voit souvent des propriétaires de teckels réticents à payer pour des opérations du dos, ou des propriétaires de Frenchies réticents à résoudre les problèmes respiratoires de leur animal malgré le fait d’avoir payé des centaines de dollars ou plus pour leur animal.
Dans d’autres cas, les gens ne considèrent même pas les troubles respiratoires comme un problème. « Les gens pensent que c’est drôle qu’ils ronflent, (ou) qu’ils reniflent quand ils marchent », dit Stiles à propos des races brachycéphales.
Une étape utile consiste à faire appel à des éleveurs éthiques et réputés. Mais même cela ne peut pas tout corriger, et elle ne pense pas que certaines races brachycéphales devraient être autorisées. «Je ne pense pas qu’ils devraient exister dans le statut actuel», dit-elle, ajoutant que Les épagneuls cavalier King Charles et les bouledogues anglais ont été interdits en Norvège en raison de leur mauvaise santé génétique.
L’International Collaborative on Extreme Conformations in Dogs, un groupe international multipartite « engagé en faveur d’un élevage, d’une propriété et d’une promotion de conformations saines chez les chiens axés sur le bien-être », affirme que l’élevage sélectif pour certains traits ne devrait jamais les empêcher d’activités normales.
« Tous les chiens, quel que soit leur rôle, leur type, leur race ou leur croisement, devraient être capables de jouir d’une bonne santé innée qui leur permet d’effectuer toutes les activités nécessaires à leur santé et à leur bien-être dans le cadre des normes évolutives anatomiques, physiologiques et comportementales du l’espèce et le stade de vie du chien », a déclaré le groupe dans un communiqué.
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