A l’occasion du 104e anniversaire de la trahison et de l’assassinat du révolutionnaire haïtien, le soldat Charlemagne Masséna Péralte, symbole de la lutte contre l’occupation américaine en Haïti, n’est-ce pas opportun de revisiter ce crime perpétré dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1919, au moment où les mêmes acteurs locaux et internationaux à l’unisson préparent le terrain pour une nouvelle occupation militaire du pays.
La grande puissance tyrannique a assassiné un patriote, un citoyen du pays pour son activisme anti-occupation tout juste parce qu’il défendait héroïquement sa patrie. N’est-ce pas là un grave cas de violation ignoble des droits de l’homme qui requiert que justice soit rendue ? La disparition de Péralte dans les circonstances que nous connaissons est une perte cruciale dont nous payons chèrement les conséquences encore aujourd’hui.
Cent quatre ans après l’assassinat du chef des paysans Cacos, on ne découvre qu’un pays avili et ruiné pendant que les mêmes bourreaux manifestent le rôle sinistre et les desseins criminels de l’impérialisme américain en Haïti. Les stigmates d’une colonisation sauvage qui a confiné la majorité de la population ouvrière dans un misère indescriptible et d’un sous-développement sans pareil sont encore plus présents que jamais. Le pays demeure une chasse gardée des intérêts néocoloniaux occidentaux, tout particulièrement américains liés étroitement à l’oligarchie dirigeante.
Cent quatre ans après, les choses n’ont pas changé depuis et qu’importe si l’occupation avait duré 19 ans, l’essentiel c’est que l’architecte est toujours présent et partout dans le pays. Le peuple tant opprimé et exploité continue à être asphyxié par les moyens les plus sordides de l’impérialisme international.
Tout le monde sait et répète avec indignation et mépris sans doute le nom des hommes de mains tels que le sergent des Marines américains Herman H. Hanneken, le caporal William Button et le traître Jean-Baptiste Conzé, mais les véritables assassins criminels ne sont pas uniquement eux.
Il ya eu les tueurs et les autres. Ceux qui applaudissaient quand Charlemagne Péralte a été sacrifié et qualifié par les envahisseurs de « bandit », « terroriste » font partie des criminels.
Cette classe politique qui, à l’unisson avec l’impérialisme américain, met une nouvelle fois en place le décor pour la réalisation d’un nouveau film d’occupation sous le même prétexte d’insécurité de sorte que les classes dominantes réactionnaires pourraient renouveler leur domination déjà plus que centenaire porte également l’étiquette d’assassins.
Rien de nouveau aujourd’hui, les mêmes tueurs, instruments locaux et internationaux sont à pied d’œuvre pour nous faire avaler la pilule amère d’une autre occupation programmée de laquelle la classe politique haïtienne sans exception a accepté les règles visant à détruire la paix et la reconstruction du pays au profit des masses populaires.
Après 1915, il a fallu 4 ans aux forces occupantes pour trouver un Jean-Baptiste Conzé. Aujourd’hui, en une seconde, elles trouvent des milliers de traîtres à la Nation, ces prostitués politiques à la recherche d’un poste confortable susceptible de les enrichir. Ils sont partout, ces individus à multiples visages, ennemis de la cause haïtienne, de la lutte de libération nationale, professant la traîtrise en tant que métier politique.
On peut facilement les découvrir par leur attitude paranoïaque, véhiculant une idéologie simpliste craignant tout ce qui n’est pas conforme aux normes de Washington.
Les vrais assassins de Charlemagne Péralte sont ceux qui pérennisent son assassinat. Ces gouvernements qui ont passé toute leur existence à prendre leurs ordres à Washington et font de la tutelle des pays impérialistes, leur programme de gouvernement. Ces vassaux n’ont jamais eu la décence de commémorer l’assassinat de notre héros national. Pire, aucune mesure n’a jamais été prise par les gouvernements haïtiens pour exiger au moins que les injures faites, les infamies à Péralte soient rectifiées par son assassin : l’impérialisme américain.
Ne devrait-on pas au nom de Charlemagne Péralte, combattre de préférence l’impérialisme et ses agents sous toutes ses formes, au lieu de se servir de ses outils de propagande ? Ceux qui protègent les intérêts des richesses au détriment des classes laborieuses, ils sont aussi responsables, au même titre que Hanneken, Button et Conzé et quoi qu’ils fassent, il leur faudra rendre des comptes à l’histoire.
En cette occasion du 104e anniversaire de l’assassinat du chef des paysans Cacos, au camp des rebelles, près de la Grande-Rivière-du-Nord, par les Marines américains, le peuple haïtien doit toujours se rappeler qu’il devrait se dresser pour balayer sur son chemin toutes les puissances qui ont confisqué sa souveraineté. D’ailleurs, que peut faire un peuple, quand il n’est pas maître de son destin et de ses richesses naturelles ?
Sachez, traîtres de la cause haïtienne, les vrais assassins de Charlemagne Péralte sont ceux qui se laissent utiliser par des coquins qui s’efforcent de cacher la vérité. Ceux qui vivent des manœuvres, des mensonges, des intrigues, des traîtres, des coups bas et autres mesquineries tous azimuts pour combattre la lutte de libération nationale et ceux qui, par tous les moyens indignés, tentent d’étouffer l’espoir des masses populaires haïtiennes.
Le jour viendra, la justice sera rendue à Charlemagne Péralte, car l’avenir reste irrévocablement aux mains des combattants pour la liberté, pour la vérité et pour l’homme véritable.