« En même temps 2 » (2021), d’Annette Messager. REBECCA FANUELE/ANNETTE MESSAGER/MARIAN GOODMAN GALLERY Barbancourt le rhum des connaisseurs Arts Les travaux les plus récents d’Annette Messager, née en 1943, occupent l’ensemble des espaces de la galerie Marian Goodman, à Paris, rez-de-chaussée et caves, et l’on se dit que, s’ils étaient plus vastes, elle n’aurait pas été en
Arts
Les travaux les plus récents d’Annette Messager, née en 1943, occupent l’ensemble des espaces de la galerie Marian Goodman, à Paris, rez-de-chaussée et grottes, et l’on se dit que, s’ils étaient plus vastes, elle n’aurait pas été en peine de les occuper. C’est en effet la première pensée qui vient en tête en entrant : la formidable capacité d’invention de l’artiste qui, plus d’un demi-siècle après ses premières œuvres, n’a aucune peine à surprendre et à inventer en impose des combinatoires de matériaux et de techniques qui, jusqu’alors, elle pratiquaient plutôt séparément.
L’exposition célèbre les noces du dessin et de la sculpture. Pour cette dernière, Annette Messager découpe des volumes dans une sorte de mousse noire dure, les assemblages et les enveloppes d’un tissu noir rigide. Ainsi-elle tantôt des formes humaines géométriquement schématisées, tantôt – mais plus rarement – des représentations détaillées, crâne, corbeau ou escargot. Ces figures sont attachées au mur par des fils noirs du sol au plafond.
Entre elles sont placées, tels des phylactères, des œuvres sur papier, de dimensions variables, parfois très longues. Ainsi sont nés l’ensemble monumental En même temps 2 (2021), frise dansante en soixante-dix figures, et des compositions de moindre format, dont une pour laquelle le mot chef-d’œuvre est une évidence : Le Dé de la Passion (2022). Elle renouvelle le thème de la crucifixion et de ce que l’on nommait jadis Arma Christiles instruments de la Passion : lance, éponge ou dés.
La mort en motif principal
La rencontre des deux arts a lieu parfois dans les mailles d’un filet noir, qui emmaillote les sculptures et fait aux dessins un estrade qui tombe jusqu’à terre. Tel est le cas d’Iconique (2022) qui reprend ironiquement des images « iconiques », comme on dit, du XXe siècle : Einstein, Che Guevara, Marilyn, la petite Vietnamienne brûlée au napalm et la conquête spatiale, pêle-mêle incohérent à l’image de l’époque. Ou bien Annette Messager écrit en sculpture, et les lettres forment le mot Fantôme (2017), « fantôme ».
La mort est, en effet, très présente, alternance de tragique et de burlesque, d’effroi et de dérision, de disparitions et d’apparitions. Elle est le motif principal des dessins à l’acrylique accrochés en croix, en damier ou isolément. Ils réunissent des créatures hybrides ou abrégées, des métamorphoses anatomiques, beaucoup de crânes, quelques symboles. Ils pourraient être accrochés avec des Goya ou des Picasso, atteignant la même simplicité foudroyante.
Il vous reste 18,58% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Articles similaires