Le discours moderniste de l’Occident à l’égard d’Haïti ne fait que démontrer les intentions maléfiques et malicieuses des puissances coloniales. Bien souvent, ils se réfèrent aux moments de galère, de misère sociale, de dérive économique, de tergiversations, de gestion nébuleuse de deniers publics, sans pour autant révéler qui sont les têtes dominantes, pensantes de tout ce qui était arrivé hier et qui se passe aujourd’hui encore. Le drame du peuple haïtien, victime de la guerre de décomposition commencée il y a plus de 2 siècles, est de croire à ces mensonges discoursers. De fait, les puissances coloniales ont façonné le pays à leur goût. Les haïtiens sont devenus, des damnés de la terre, livrés à eux-mêmes, incapables de s’en sortir, condamnés à subir la misère, la violence, les maladies, la pauvreté, la famine et les catastrophes politiques.
Pour se dépouiller de toute responsabilité, les puissances coloniales se lavent les mains comme Ponce Pilate. Et à chaque crise, pour maintenir le statu quo, elles créent vite un nouvel instrument politique pour maintenir intact leur contrôle et restaurer la loi et l’ordre bourgeois établi. C’est dans ce contexte que nous devons comprendre le porte-parole du Département d’État américain, Matthew Miller, quand il a relaté dans un communiqué « Les États-Unis félicitent le Conseil Présidentiel de Transition haïtien pour sa nomination d’un Premier ministre intérimaire. Nous exhortons le Conseil et le Premier ministre entrant Garry Conille à travailler en collaboration, et à engager toutes les parties dans le soutien au peuple haïtien, qui continue à souffrir de la brutalité de l’horrible violence des gangs »
La violence et son lot d’atrocité et d’inégalités sociales sont devenus la normalité ici. « Les États-Unis encouragent le Premier ministre intérimaire et le Conseil Présidentiel de Transition à agir rapidement pour nommer un gouvernement crédible, responsable et inclusif et un Conseil Électoral Provisoire pour permettre des élections libres et équitables, et la fourniture de la sécurité et des services de base à tous les Haïtiens. » Ainsi parle l’Oncle Sam ! Et cela suffira-t-il à changer l’ordre des choses, les réseaux mafieux de l’impérialisme ? Évidemment non !
Ces cosmétiques, ces larmes de crocodile de l’Oncle ne sont que pour masquer la réalité. N’est-il pas le moment d’avoir une attitude plus responsable, afin de rappeler à l’Oncle que les bandes lourdement armées comme on les appelle ne sont pas les premiers bourreaux du peuple haïtien. Elles sont, en réalité, l’émanation ou le résultat de sa politique antisociale en Haïti et elles n’ont pas participé avec les Marines américains le 17 décembre 1914 au vol des 500.000 dollars de la Banque Nationale d’Haïti. Certes, leurs actions sont à déplorer, mais ces groupes armés ne sont pas les principaux responsables de la fermeture des usines de production nationale tels que : Aciérie d’Haïti, Minoterie d’Haïti, Ciment d’Haïti et de toutes les usines sucrières du pays notamment, la Hasco, la Centrale Dessalines des Cayes, Welsh au Cap-Haïtien et celle de Darbonne à Léogâne, etc. qui, dans le temps, employaient des milliers de travailleurs.
Les gangs sont l’expression vivante de décomposition concrète de la société, ils sont directement issus de multiples interventions militaires, missions internationales et de l’ingérence politique de l’impérialisme, de l’ONU et de l’OEA dans le pays. Les vrais gangs à combattre sont les monstres impérialistes qui ont déchiré et mis le pays en miette. Les gangs les plus dangereux, les plus criminels sont ceux formés dans les laboratoires politiques de l’Oncle Sam. Ce sont eux qui ont favorisé l’émergence de ces groupes armés en institutionnalisant la mauvaise gouvernance dans le pays pour faciliter l’entrée des armes clandestinement tout en alimentant des scissions, des rivalités entre les factions des élites antinationales, adeptes du néolibéralisme pour mieux régner. sur cet ensemble dit territoire perdu ou État failli qu’est Haïti d’aujourd’hui.
De nos jours, ce sont des centaines de milliers d’hommes et de femmes, des travailleurs de surcroit professionnels et de nombreux jeunes qui déambulent dans les rues sans aucun emploi ni sécurité sociale.
Pour mieux exploiter le peuple en toute impunité, aucune perspective de développement même la plus dérisoire n’a été encouragée autre que celle du chômage en constante augmentation. En moins d’une trentaine d’années environ de cette spirale infernale, près d’une centaine de sites de productions nationales ont été fermés à la demande des institutions financières internationales pro-occidentales comme FMI (Fonds Monétaire International) ou complètement détruites par la mauvaise gouvernance instituée par les experts d’un système sangsue, d’un système capitaliste et colonialiste rancunier décidant de faire d’Haïti un exemple de chaos sanglant, irréparable. Ainsi, elle ne pourra jamais sortir de son agonie, voire, se relever de ses cendres.
Quel citoyen haïtien consciencieux et donc n’est pas indigné du sort des grandes masses défavorisées, appauvries du pays ? Si Haïti en est arrivée à ce carrefour douloureux, la faute en grande partie revient aux puissances qui l’empêchent de se projeter vers l’avenir et la modernisation de ses institutions synonyme d’un lendemain meilleur pour tous ses habitants. Haïti est un pays qu’on interdit même de choisir ses amis. Alors que, les marionnettes imposées au pouvoir à l’instar des larbins du Conseil Présidentiel et de la Primature ne peuvent rien dire ou de trouver ce diktat impérialiste tout à fait normal.
Quant à l’intervention programmée de l’Oncle, elle ne serait que pour sauvegarder les intérêts des grandes puissances coloniales exploitantes, c’est-à-dire, les vrais gangs qui sèment la terreur en Haïti depuis plus d’un siècle de domination. . Les faits établissent que c’est pour garantir sa survie et ses politiques de pillage que le système impérialiste déchaîne la barbarie du déploiement de la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité en Haïti (MMAS) pour mieux réprimer les masses opprimées organisées, que leur la conscience incombe la tâche de libérer le pays de l’anarchie produite par l’oppression impérialiste.
Cette intervention hypocrite a pour unique objectif de mettre en place un régime plus réactionnaire, plus conforme à ses règles et plus docile aux intérêts de l’impérialisme. Face à ce qu’il faut bien appeler une conspiration colonialiste, la plus grave qu’ait connue le pays, les vraies forces progressistes et révolutionnaires doivent agir au plus vite que possible pour mettre en échec le dessein de l’Oncle Sam.
Ainsi doivent parler les descendants de Jean-Jacques Dessalines et de Charlemagne Péralte !