Un groupe de jeunes, d’étudiants de divers horizons animé par Fincy Pierre. Une volonté d’apporter une touche différente. Une envie de réfléchir et de toucher du doigt ce qui ne va pas. Voilà ce qui a amené à la création de Balistrad, le 11 février 2018. 5 ans plus tard, on est encore là. Résilients.
« Balistrad veut être ce regard différent sur le monde », tel a été l’objectif de la première équipe qui a lancé le média en ligne en 2018. Énergie, enthousiasme et détermination, cette équipe en avait à revendre. S’il est vrai que 5 ans plus tard, cette envie d’être différent et de bien faire est toujours là, on convient néanmoins que l’énergie n’est plus la même.
Comme la plupart des familles haïtiennes, nous avons été frappés par des enlèvements, des braquages et des actes d’insécurité de toutes sortes. Certains de nos membres ont subi la violence des gangs dans leur zone de résidence respective.
Nous avons aussi connu le deuil. On pense encore à notre collaboratrice partie trop tôt : Jessica Nazaire dont la plume nous manque énormément.
Aujourd’hui, nous souffrons aussi du départ d’une bonne partie de nos membres vers des terres étrangères. Nous sommes désormais éparpillés à travers le monde. Bon nombre sont partis en quête d’une meilleure qualité de vie ou tout simplement en vue de la préserver.
Par dessus tout, on a vu notre pays plonger chaque jour vers un abîme de plus en plus profond. On a eu à revenir, reprendre inlassablement les mêmes mises en garde. Dénoncer les mêmes dérives. Pointer du doigt les mêmes écarts. Puisque chez certains, le ridicule ne tue pas, ils ont pris et prennent encore le malin plaisir de faire les mêmes choix qui nous ont plongé dans la fosse tout en faisant semblant d’attendre de meilleurs résultats.
Bien des jours, on s’est demandé : à quoi bon de faire un métier pareil en ces temps où la bêtise devient reine ? Nous revenons alors cette évidence : tant qu’il ya des voix qui s’élèvent contre l’absurdité, nous nous retrouvons à leur côté pour continuer à nous battre à la recherche de la lumière en dépit de la noirceur qui s’installe. Voilà pourquoi Balistrad est encore là. 5 ans et plus tard, portant un regard différent sur Haïti et sur le monde.