La force multinationale attendue en Haïti sera confrontée à plusieurs obstacles majeurs. C’est du moins l’avis de l’International Crisis Group émis dans un rapport publié vendredi.
Port-au-Prince, le 6 janvier 2024. Un changement d’allégeance aux gangs pourrait entraîner le travail des troupes étrangères.
C’est ce qu’on peut lire dans ce rapport, citant Diego Da Rin de l’International Crisis Group. Ce dernier affirme avoir passé un mois en Haïti. Il évoque aussi « la corruption au sein de la police, des politiciens et de l’élite.
L’organisation basée en Belgique évoque les grands défis qui attendent la mission. « Les gangs pourraient s’allier pour combattre la force. Les combats dans les quartiers urbains mettent en danger des civils innocents. Il faut considérer aussi les liens entre la police et les gangs mettant en danger le secret opérationnel ».
Il sera difficile de protéger les civils car les gangsters peuvent se fondre dans la masse, note-il. Da Rin cite également la collusion entre les gangs et la police. Cela pourrait, dit-il, entraîner des fuites d’informations et entraver les opérations.
Collusions entre les gangs et les élites politiques et économiques
L’envoyé de l’Internationale Crisis Group affirme avoir réuni deux sources au sein de la police. Elles lui auraient confié que des commandants supérieurs avaient réussi à éviter l’arrestation d’un puissant chef de gang. Elles ont évoqué des liens présumés avec des politiciens ou la police.
Aussi, Diego Da Rin souligne-t-il que la préparation sera d’une importance vitale. La police est en infériorité numérique et en armes par rapport aux gangs.
Le Kenya se propose de diriger la force multinationale. Il attend une décision de justice qui devrait intervenir ce mois-ci. La force pourrait comprendre jusqu’à 5 000 agents. Le Burundi, le Tchad, le Sénégal, la Jamaïque et le Belize ont aussi promis des troupes.
Les gangs pourraient également accepter un éventuel désarmement s’ils estiment qu’ils peuvent être vaincus.
Néanmoins, si la mission est réussie, il faudra arrêter le flux d’armes et de munitions arrivant en Haïti. Il faut aussi rompre « le lien entre les gangs et les élites politiques et commerciales. »
Quel genre réservé aux gangsters ?
Les autorités, dit-il, doivent déterminer le type des membres des gangs lors de la mission. Il évoque la surpopulation des centres carcéraux et les faiblesses de la justice. La justice haïtienne ne sera pas en mesure de traiter les milliers de cas après l’arrestation des gangsters.
Pas moins de 300 gangs contrôlent environ 80% de la capitale. Ils étendent leurs tentacules dans plusieurs autres régions dont l’Artibonite.
Il y a aussi le nombre restreint de policiers au service de la population. Il y aurait moins de 10 000 agents actifs. Normalement, il devrait y avoir 25 000 policiers pour les 11 millions d’habitants, selon les Nations Unies.
En 2023, les gangs ont tué environ 4 000 personnes. Ils en ont également enlevé 3 000 autres. Les gangsters ont également forcé plus de 200 000 citoyens à quitter leurs quartiers.
Le premier ministre haïtien Ariel Henry a promis du changement. Dans son discours le premier janvier dernier, il a parlé du rétablissement de la sécurité. Ariel Henry annonce que les citoyens vont pouvoir circuler librement dans le pays.
Dodeley Orélus
Vant Bèf Info (VBI)