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Des gangs opérant dans la municipalité de Carrefour, une commune du sud de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, ont abattu jeudi deux policiers et un civil avant de s’enfuir avec leurs corps sans vie. Ces assassinats font suite à une série d’attaques de gangs armés contre la police haïtienne dans les villes de Carrefour et Gessier, qui ont fait au moins 25 morts et de nombreux enlèvements parmi la population civile.
PORT-AU-PRINCE — Des bandits armés opèrent dans la commune de Carrefour Deux inspecteurs divisionnaires de la police et un civil ont été tués jeudi, dont les noms n’ont pas encore été dévoilés. Le triple meurtre s’est produit rue Genet à Arcachon 32, selon Lionel Lazarre, le coordonnateur du Syndicat de la police nationale d’Haïti (SYNAPOHA). Les présumés assassins ont emporté avec eux les corps des victimes.
« Qui dira que c’est suffisant ? », s’est interrogé Lazarre après l’assassinat des deux inspecteurs divisionnaires de police. « Jusqu’à quand arrêtera-t-on de tuer des policiers ? », s’est-il interrogé.
Après leurs attaques meurtrières du 30 juin à GressierAprès avoir tué au moins 25 personnes et enlevé plusieurs personnes parmi les habitants, les bandits ont de nouveau frappé, causant de nouveaux morts dans les rangs de la Police Nationale d’Haïti (PNH). Après la terreur de Gressier, au cours de la même semaine, ils ont attaqué et incendié le sous-commissariat Saint-Charles à Carrefour.
Ces récentes attaques contre la police ont coïncidé avec des changements aux plus hauts niveaux de l’appareil policier visant à mieux lutter contre les gangs. Et tout cela s’est produit dans le contexte de le déploiement du premier contingent de la mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) non onusienne dirigée par le Kenya.
Un contingent d’environ 200 policiers kenyans est déployé près de l’aéroport international Toussaint Louverture de Port-au-Prince depuis son arrivée le 25 juin pour soutenir la PNH. Bien qu’ils aient patrouillé dans les rues à deux reprises et collaboré avec la police haïtienne pour identifier les zones clés de préoccupation, ils n’ont pas encore engagé d’opérations de lutte contre les gangs. Les Haïtiens, notamment sur les réseaux sociaux, réclament leur déploiement rapide pour aider à rétablir la stabilité.
Si le coordonnateur du SYNAPOHA salue tous ces changements et démarches stratégiques, il déplore également le nombre croissant de policiers assassinés sans que les assassins n’aient de répercussions.
Lazarre a promis plus de détails sur les raisons de ces meurtres et les noms des victimes. Le haut commandement de la police n’a pour l’instant rien communiqué sur cette dernière attaque de gang qui a fait deux morts parmi les membres de la PNH. Ce drame porte à 23 le nombre total de policiers tués par balles depuis janvier 2024.
Avant ces tueries, trois agents de l’Unité temporaire antigang (UTAG) avaient été assassinés lors d’une embuscade le 9 juin à Delmas 18, une localité du nord-est de Port-au-Prince, par la coalition de gangs du tristement célèbre Jimmy « Barbecue » Chérizier.
Depuis plusieurs années, les actes de banditisme ne sont pas épargnés au sein de la police. Entre le 28 octobre 2021 et le 9 juin 2024, 120 policiers ont été assassinés, un indicateur flagrant de l’aggravation de la crise sécuritaire dans le pays.
Malgré le départ de Frantz Elbé de la direction générale de l’institution policière après avoir été sévèrement critiqué et son remplacement par Rameau Normil, les attaques contre la PNH n’ont pas cessé.
Après une période de calme relatif, où les activités ont repris timidement, les gangs semblent avoir réactivé leur emprise offensive alors que les autorités haïtiennes continuent de multiplier les réunions sans actions concrètes contre les bandits.
La coalition de gangs « Viv Ansanm » de Barbecue, qui contrôle la route menant au Grand Sud, continue de faire son chemin dans la région. Pendant ce temps, les gangs de Bel-Aire et du centre-ville de Port-au-Prince multiplient leurs attaques dans différents quartiers, terrorisant les habitants.
Il ne se passe pas un jour sans que des incendies, des assassinats et des blessures par balles imputables aux gangs soient signalés dans le pays, notamment dans la région métropolitaine de Port-au-Prince.
Le Premier ministre Garry Conille, en déplacement aux Etats-Unis le 28 juin pour affaires officielles, a promis dans une interview à Radio France Internationale (RFI) que la PNH et les Forces armées intensifieront leurs efforts de coordination pour protéger le peuple haïtien avec l’appui de la communauté internationale.
« Je suppose que les gangs se positionnent », a déclaré le Premier ministre Conille. « Mais ce qui est sûr, c’est que, quoi qu’ils fassent, je vous assure que dans un délai pas trop lointain, l’État reprendra le contrôle de tout le territoire national. »