Ôn’assiste pas aujourd’hui à l’émergence d’un nouveau courant politique sur la scène nationale mais bien à l’imposition d’un nouvel Exécutif, d’une partie formée exclusivement des représentants authentiques de la classe politique décadente, de la Société civile délabrée et de la bourgeoisie corrompue fusionnés au sein d’un Conseil Présidentiel incarnant la politique-spectacle et d’une certaine forme de délinquance politique. Et d’autre part, un portrait caricaturé des puissances occidentales, avec un chien-de-garde du système capitaliste nommé à la Primature en la personne de Garry Conille. Car, l’impérialisme américain ne peut, à la longue, tolérer aucun obstacle sur son obsession de régner.
Les deux branches du Pouvoir exécutif sont à peu près identiques avec de légères différences non fondamentales. Comme si elles étaient nées pour servir l’Empire du mal, elles n’ont qu’une vision commune, une activité ténébreuse faite de conspirations, de magouilles et d’intrigues. Pourtant, il n’y a pas de consensus clair et défini sur la voie que le pays doit suivre. Il s’agit tout bonnement de travailler sans relâche au service de la domination oligarchique et néocoloniale tout en leur conservant le pouvoir.
Cette situation n’a rien de réjouissant et ne donne aucun signe d’espoir au cours de cette « transition » ni pour après. Elle indique, au contraire, que cette classe politique n’a aucune aspiration au changement et qu’elle opte plutôt pour la continuation d’une gouvernance séculaire calamiteuse qui a liquidé l’économie nationale en détruisant toutes les industries et les richesses appartenant à l’économie nationale. ‘État. Cette cacophonie gouvernementale est devenue un sport national entretenant davantage ces mercenaires de la classe politique voués à la trahison historique de la cause nationale.
Toute nouvelle ère pour Haïti ne saurait dépendre des combinaisons au sommet des puissances impérialistes avec leurs alliés privilégiés de la classe politique traditionnelle.
A l’horizon, il n’y a aucune lueur d’une ère nouvelle. Il ne saurait y en avoir dans la mesure où, il n’a jamais eu une quelconque transition. Le mot transition qu’on utilise à dessein est pour tromper la vigilance des masses. C’est de préférence, un appel non voilé à renforcer les moyens de destruction. Et d’être prêt à s’en servir – par exemple en utilisant le prétexte de la lutte contre le terrorisme des gangs pour faciliter et légitimer leurs forces militaires d’occupation qui interviendront contre les réseaux ouvriers protestants pour un lendemain meilleur.
Il ne pourrait y avoir aucune forme de transition sans la moindre résiliation. Toute transition supposerait de repenser la manière dont nous concevions autrefois la politique en changeant de manière radicale les méthodes et plus concrètement le contenu. Toute transition qui ne s’accompagnerait pas d’une rupture totale avec l’ancien système et de la pratique politique traditionnelle ne saurait être une transition mais bien une continuité maquillée, une manœuvre classique pensée par les génies du statu quo, rien de plus.
Qu’est-ce qui va désormais changer avec ce régime intérimaire dont le rôle est de préparer la passation du pouvoir à un autre régime laquais au service des puissances impérialistes ? Rien ! C’est l’expression d’une contradiction majeure existant entre les objectifs d’un pouvoir au service de la bourgeoisie et du capitalisme mondial contre les intérêts et les revendications populaires. La confirmation du gâteau du pouvoir ministériel qui vient de se partager entre les coquins et les malins du Conseil Présidentiel et de la Primature illustre mieux cette continuité programmée, et ce, sans aucune honte ni gêne.
Cette parodie transition ne doit pas nous tromper. Elle indique clairement qu’il n’y a eu aucune prise de conscience au sein de la classe dirigeante. Il n’y a aucun changement de paradigme dans le processus de gouvernance, car toute transition est une remise en question de manière critique sur les dynamiques traditionnelles.
La transition est une réévaluation globale, une démarche de réflexion collective, une sorte de réinvention de nouveaux systèmes de gouvernance garantissant une participation citoyenne massive, active au service du pays. C’est s’éloigner des modèles conventionnels et imaginer des approches innovantes répondant aux aspirations et aux besoins prioritaires des masses populaires.
Il s’agit en réalité de tourner la page, malheureusement, on n’est pas à ce stade-là pour le moment, puisque le programme impérial pour Haïti ne vise en aucune circonstance à s’engager sur la voie de la rupture totale avec certains procédés indignés et même renoncé à entreprendre ses desseins criminels.
Il est évident que chaque équipe de l’Exécutif espère casser le pouvoir de l’autre, afin de se retrouver seule en totale liberté d’initiative et de pouvoir être mieux placé, non pas pour défendre le pays et le peuple mais pour imposer les conditions exigées par l’Oncle ou les solutions impériales ne pouvant nous conduire qu’à des résultats désastreux.
Cette nouvelle stratégie de domination peut être considérée à maintenir en ce qui concerne comme le reflet de la politique de déstabilisation qu’on applique au niveau national tout en comptant sur des agents de la classe politique à leur service. On ne peut mettre sur des dirigeants sans scrupules, incohérents au demeurant trompeurs, menteurs authentiques. On va sans doute tomber en panne de réflexion, comme si nous n’avions plus de devenir. Ce qui se fait actuellement dans le pays est en parfaite continuité avec les réactions des gouvernements précédents qui ont eu tout le soutien des puissances impérialistes. Les Occidentaux ne font que nous fabriquer des conditions qui rendent le pays encore plus ingouvernable que jamais.
Toute nouvelle ère pour Haïti ne saurait dépendre des combinaisons au sommet des puissances impérialistes, colonialistes avec leurs alliés privilégiés de la classe politique traditionnelle. La politique malhonnête de continuité en cours, que les impérialistes appellent transition, c’est du pur mensonge, de la démagogie et un manque de respect du peuple haïtien.
L’impérialisme ne porte guère en son sein les mots changement, libération, stabilité sociale, mais bien violence, insécurité, corruption, inégalité sociale, et cela ne peut changer aucun pays encore moins Haïti et ni le sauver de la faillite. N’est-ce pas trahir le sens des mots en qualifiant l’évolution intérimaire en Haïti de période de transition ?
L’exemple de transition concrète, efficace dans les intérêts d’un pays et du peuple dans son ensemble est ce qui est en train de se passer dans certains pays africains. Celle de l’histoire politique récente du Burkina Faso, du Mali et du Niger est palpable. Chacun exprime en action respective la véritable signification du mot « transition » pour assurer une ère nouvelle, une transformation fondée sur la libération nationale, le rejet de l’ordre colonial ancien et néocolonial et l’approfondissement de l’option socialiste.