Décrit comme le pays le plus pauvre des Caraïbes, et le plus corrompu, selon le rapport annuel 2024 de Transparency International, Haïti est un territoire où les gouvernements et les autorités peinent à inspirer la confiance. La formation d’un cabinet ministériel est souvent marquée par la confrontation et l’incertitude. Il est vrai que cette situation semble familière, comme si c’était la première fois qu’un cabinet ministériel inconstitutionnel devait être formé. En réalité, cette formation est toujours accompagnée de conditions implicites, cette fois-ci liées à l’acceptation du déploiement de forces étrangères sur le territoire national.
Cela pose de nombreuses questions. Comment est-il possible que chaque formation de cabinet ministériel doive passer par le filtre de la soumission à des intérêts extérieurs ? Le processus semble davantage utilisé dicté par des forces extérieures que par une véritable volonté nationale de réforme et de progrès. L’ensemble de cette situation reflète un manque criant de patriotisme de la part des (nouveaux) dirigeants, incapables de s’opposer à l’ingérence étrangère pour défendre la souveraineté nationale.
Il est donc utile de rappeler les exemples de grands hommes politiques qui ont su anciens gouvernements dans des circonstances difficiles. Le Français Charles de Gaulle, par exemple, a mis en place un gouvernement résistant et indépendant face à l’occupation pendant la Seconde Guerre mondiale. De même, Nelson Mandela a formé un gouvernement inclusif en Afrique du Sud après des décennies d’apartheid, favorisant la réconciliation nationale. Ces exemples montrent que, malgré des conjonctures difficiles, il est possible d’anciens gouvernements intégrés et authentiques. Mais en Haïti, « certains veulent le beurre et l’argent du beurre ».
En Haïti, le Dr Garry Conille est actuellement au centre des discussions pour la formation du prochain cabinet ministériel. Les spéculations vont bon train sur les nominations possibles, notamment pour les postes de la défense, de la justice et des affaires étrangères. Cependant, l’efficacité et la légitimité de ce futur gouvernement sont hautement hypothétiques car « c’est au poed du mur qu’on reconnaît le vrai ouvrier. »
La publication imminente de la liste des nouveaux ministres dans Le Moniteur, provoque des interrogations quant à son impact réel sur la mauvaise situation du pays. Cette liste mettra-t-elle fin à la corruption institutionnalisée en Haïti ? Améliorera-t-elle les conditions de vie du peuple haïtien qui souffre profondément dans son corps et son âme ? L’expérience montre que les changements de personnel, sans réformes structurelles profondes, ont peu de chance de transformer la réalité quotidienne des citoyens.
Le contexte actuel de crise, caractérisé par l’absence d’un parlement pour approuver le cabinet, rend la situation encore plus précaire. Un gouvernement sans légitimité parlementaire demeure faible et vulnérable. Cette situation rappelle l’importance de la légitimité démocratique et du soutien populaire pour tout gouvernement cherchant à mettre en œuvre des réformes durables.