Depuis le samedi 10 août 2024, une délégation de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) baptisée Groupe de Personnalités Éminentes (GPE) séjourne en Haïti pour une visite de six jours. Il s’agit des trois anciens Premiers ministres de la Caraïbe en l’occurrence, Kenny Anthony de Sainte-Lucie, Bruce Golding de la Jamaïque, et Perry Christie des Bahamas.
Qu’est-ce qui a, en fait, motivé cette visite dans le pays, quelques semaines seulement après la 47ème session des Chefs d’État et de gouvernement de la CARICOM à la Grenade, à laquelle le président du Conseil présidentiel Edgar Leblanc Fils avait participé ?
Ce dernier lors de son retour au pays, dans une conférence de presse donnée le mercredi 31 juillet 2024 à l’aéroport international avait tenu à souligner que : « Ces personnalités éminentes seront à Port-au-Prince dans le but d’inspecter et de s’informer des avancées significatives réalisées par le Gouvernement haïtien pour former et rendre opérationnels les organes de la Transition ».
Cette visite, certes, s’inscrit dans le cadre des efforts continus de la CARICOM pour évaluer la politique climatique actuelle, soutenir une résolution de la crise afin de rétablir la stabilité politique et sociale en Haïti. La mission dans sa sphère d’action rencontrera le Conseil présidentiel de transition, le Premier ministre, ainsi que des représentants de divers secteurs de la vie nationale.
En effet, le lundi 12 août 2024 au local de la Primature à Delmas 60, le GPE de la CARICOM a rencontré le Premier ministre Garry Conille, flanqué de son chef de cabinet Nesmy Manigat et du ministre de la justice Me Carlos Hercule. Rien n’a filtré de ce qui a été discuté largement au cours de cette rencontre entre la délégation caricomienne et le locataire de la Primature. Sauf que le Bureau de la Primature a laissé comprendre dans une note abstraite que « les discussions ont été principalement portées sur le processus de transition politique actuelle. Le Premier ministre a exprimé son soutien à la proposition de la CARICOM d’observer les prochaines élections ».
En fait, si la CARICOM sollicite de venir superviser les élections, c’est que les élections ont sans doute fait l’objet des discussions.
La délégation de la CARICOM va-t-elle également rencontré les neuf membres du Conseil Présidentiel de Transition ? Assurément oui, puisque le Conseil doit se rapporter sur ses activités. Évidemment, faut-il rappeler que c’est cette institution régionale, embauchée par les puissances impérialistes qui a joué le rôle de modérateur sinon de femme-sage ayant facilité la formation du Conseil présidentiel de transition pour le compte des puissances tutrices ?
Le Conseil aura beaucoup à dire par exemple sur la formation du Conseil Electoral Provisoire qui tarde encore à prendre forme. D’autres en plus sur le décret publié le samedi 20 juillet 2024 dans Le Moniteur #36, portant la mise en place d’un système participatif dénommé « Conférence Nationale », dont l’article 1 de cet arrêté stipule :
La « Conférence Nationale » est un mécanisme exceptionnel, participatif, limité dans le temps, visant à permettre à tous les acteurs de la société de contribuer activement à l’élaboration de résolutions adaptées et acceptées.
Quant à l’article 2 :
« les résolutions serviront de propositions pour l’élaboration de textes normatifs et d’orientations relatifs à trois grands chantiers qui sont :
1) La révision de la Constitution en vigueur ;
2) L’élaboration d’un nouveau projet de société pour Haïti ;
3) L’établissement de nouvelles relations entre l’État et la société, notamment la société civile et les partis politiques, ainsi que les principales réformes du système juridique-politique.
L’un des objectifs majeurs de cette Conférence Nationale est de créer une nouvelle Constitution.
La Conférence Nationale devra également travailler sur un nouveau projet de Société Haïtienne.
Un Secrétariat Technique à l’Organisation de la Conférence Nationale est créé dont le mandat est d’assurer le Secrétariat Exécutif du Comité de Pilotage.
Toutes ces propositions du Conseil Présidentiel seront sans doute soumises à l’étude et à la compréhension du Groupe de Personnalités Éminentes de la CARICOM. Il est évident que la communauté occidentale n’a aucun respect pour les dirigeants haïtiens, bien qu’ils soient des instruments à leur service. Voilà pourquoi, sur leur a envoyé des experts pour les anciens.
C’est dans cet esprit qu’il faut comprendre cette délégation caricomienne présente actuellement en Haïti qui en quelque sorte va administrer aux dirigeants haïtiens du cours de démocratie à la loupe de l’impérialisme américain.