La formation d’un conseil présidentiel après l’annonce de la démission du Premier ministre Ariel Henry a été décidée entre les acteurs politiques nationaux et internationaux depuis le 11 mars dernier. Presqu’un mois après, aucun arrêté n’est publié dans le Moniteur. Pourtant, tous les documents et accords nécessaires sont prêts. Certains citoyens restent confiants. Tandis que chez d’autres, c’est de la méfiance totale. Entre temps, la situation du pays s’empire et la crise perdure.
Après l’annonce de la démission du Premier ministre Ariel Henry le 11 mars 2024, la formation d’un conseil présidentiel pour prendre les rêves du pays est annoncée. Lors d’une réunion entre les représentants haïtiens et plusieurs membres de la Communauté des Caraïbes (Caricom), une entente a été trouvée. Un conseil présidentiel composé de (9) neuf membres dont (2) deux observateurs devra prendre des dispositions pour rétablir l’ordre étatique et remettre le pays sur la voie constitutionnelle tout en se penchant sur les problèmes les plus aigus.
Après plusieurs réunions, consultations et débats, les partis participent du CP ont enfin finalisé l’accord politique nommé : Accord politique pour une transition pacifique et ordonnée donnant les prérogatives et les limites au conseil. Ce document de 53 articles a été signé et envoyé à la Caricom pour suites nécessaires, ce dimanche 7 avril 2024, presqu’un mois après l’annonce de la formation du conseil présidentiel.
Selon l’article 13 du document régulateur du fonctionnement du conseil présidentiel : « Le mandat du CP prendra fin le (7) septembre février 2026. » Date à laquelle de nouveaux élus devraient rentrer en fonction notamment un président.
Plus loin, dans l’Accord politique pour une transition pacifique et ordonnée, le CP se fixe certaines priorités au cours de ces 22 mois de mission : rétablir la sécurité, lutter contre la corruption, relancer le secteur économique, organiser des élections crédibles sont entre autres, certains des chantiers clés du dit conseil.
Les premiers jours du CP, un défi imminent
Si le document appelé Accord politique pour une transition pacifique et ordonnée est belle et bien transmis à la Caricom, l’arrêté pouvant les nommer dans le journal officiel de l’État haïtien Le Moniteur tarde encore. Jusqu’à ce lundi 08 avril 2024, aucune publication n’a été faite. Pourtant les attentes sont nombreuses et les besoins de la population ne peuvent attendre.
« Depuis plus que 3 ans, le pays sombre dans l’insécurité et l’instabilité. Aujourd’hui, les premiers 90 jours de ce conseil doivent être consacrés à la stabilité du pays », Wesnel Joseph éducateur et juriste. Pour y arriver, l’homme de loi pense que ce conseil doit donner tous les moyens efficaces et équipements adéquats à la Police nationale d’Haïti et à l’armée pour pouvoir stabiliser le pays. Le premier chantier du CP ne sait autre chose que de résoudre le problème de l’insécurité, toujours selon Wesnel Joseph.
Même s’il reste passif, la population observe. Tout de suite après son installation, le CP aura un délai de 90 jours pour agir. A ce propos, ce jeune politologue se confie à notre rédaction sous le couvert de l’anonymat : « dans un silence méfiant, la nation observe le processus. Après son installation, le conseil présidentiel aura un délai de 90 jours pour convaincre la nation. Dans le cas contraire, les mêmes causes produiront les mêmes effets. Et, la principale victime demeurera le peuple ».
Des avis controversés
Wesnel pense d’une part que parmi les membres du conseil, il y a des « hommes politiques expérimentés que la société n’a rien à reprocher ; mais d’autre part, l’éducateur dit avoir identifié des opportunistes politiques et des « Gren senk ». « Il faut surveiller de près ces prédateurs politiques », a-t-il ajouté.
Pour Maria Charles, membre d’un parti politique, le conseil présidentiel devait être plus restreint. Avec neuf membres, c’est encore neuf privilèges, neuf dépenses, neuf administrations entre autres. Sa plus grande crainte est de voir « ce conseil échoué, ou un CP mort-né ». C’est-à-dire, en février 2026, et voir une autre transition pour remplacer celle-ci sur les maux chroniques d’un peuple en détresse livré à lui-même.
« Si dès son installation, ce CP ne prend pas les mesures pour rouvrir les portes des écoles fermées un peu partout dans le pays, particulièrement dans le département de l’Ouest, on ne pourra rien espérer de mieux », a martelé Toussaint Lamy, jeune animateur de radio imprimé sur la question.
A un moment où les idées divergentes émergent de partout par rapport à la légalité constitutionnelle du CP, une déclaration faite par l’un des membres du conseil au quotidien Le Nouvelliste a fait couler beaucoup d’encre et de salive, la semaine écoulée : « Leslie Voltaire, représentant de Fanmi Lavalas au conseil présidentiel, exige avant l’installation des membres du CP, que la Police nationale d’Haïti sécurise les abords du Palais national ».
Pendant que la publication de l’arrêt suivi de l’installation du CP traîne encore, plus d’un s’interroge sur son efficacité face à ce cataclysme. Est-ce que le processus de l’installation sera similaire à celui de l’accord ? Est-ce que le CP sonnera le verre de cette crise tant perdurée dans le pays ? Rien n’est dit. Rien n’est sûr.
Mackenlove Hyacinthe
Vant Bef Info (VBI)