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Gary Chéry est accusé d’avoir libéré deux hommes accusés d’agression sexuelle sur des mineurs pour environ 6 000 $ et une voiture. Le procureur suppléant de la ville nie avoir été accusé alors que les appels à la responsabilité se multiplient.
Notes de l’éditeur : Ceci est une histoire en développement. Des mises à jour seront fournies à mesure que de nouvelles informations seront disponibles.
CAP-HAÏTIEN — Gary Chéry, procureur municipal suppléant à Grande Rivière du Nord, une commune du département du Nord située à environ 16 km au sud du Cap-Haïtien, est accusée d’avoir libéré de prison deux hommes accusés d’avoir agressé sexuellement deux filles mineures, lors d’incidents distincts. Chéry aurait libéré les violeurs accusés en échange de pots-de-vin d’environ 6 000 dollars et d’une voiture ce mois-ci, a déclaré un avocat au Haitian Times. Malgré les accusations et les appels à la responsabilité de la part des avocats des victimes, des familles et des résidents, Chéry a nié ces allégations.
Lorsque le Haitian Times a contacté Chéry pour une interview, il a nié les accusations. Par ailleurs, le procureur suppléant de la ville a émis le 19 avril un mandat d’arrêt pour diffamation contre un journaliste indépendant, Donatus Henry-Claude (dit T Carry), qui avait écrit un Publication Facebook à propos de ses prétendus pots-de-vin. Henry-Claude a été arrêté lundi au Cap-Haïtien puis libéré mardi.
« Je n’ai aucune accusation contre moi », a déclaré Chéry dans un message WhatsApp. «C’est un vagabond, un pourvoyeur de fake news, précédemment arrêté pour diffamation, qui fait cela. Le gars est de retour en prison pour le même crime.
Selon de nombreux observateurs, les actions présumées de Chéry, qui aurait libéré des criminels de prison pour pots-de-vin et ordonné l’arrestation d’un journaliste qui l’avait critiqué, mettent en évidence le problème des abus de pouvoir des fonctionnaires en Haïti. Les fonctionnaires semblent souvent intouchables car il leur est difficile d’être punis pour leurs crimes. Cette culture d’impunité et de corruption est un facteur important dans les crises actuelles en Haïti, y compris la violence des gangs.
Un avocat ayant requis l’anonymat pour des raisons de sécurité a affirmé que Chéry avait illégalement émis le mandat d’arrêt contre Henry-Claude.
« C’est le chaos total », a déclaré l’avocat. « Si Chéry estime que T Carry a commis une diffamation à son encontre, il aurait dû déposer une demande auprès du bureau d’enquête pour une suite. Le parquet n’était même pas censé émettre un mandat d’arrêt pour diffamation.»
Le bâtonnier et le procureur de la ville de Grande Rivière du Nord n’ont pas encore répondu aux demandes d’interview du Haitian Times à ce sujet.
L’inaction persiste malgré les appels à rendre des comptes contre Chéry
Le 16 avril, les résidents de Grande Rivière ont manifesté dans les rues contre Chéry. Ils ont peint à la bombe « Nous en avons marre de Gary » sur le mur du bureau du procureur. De plus, les habitants ont affiché sur les murs des documents alléguant les pots-de-vin de Chéry et les ont également diffusés sur les réseaux sociaux et WhatsApp.
Selon l’avocat Djimps Joisile, Chéry ne s’est pas présentée au travail depuis les manifestations.
Dans l’un des cas, Woodly Aguste aurait kidnappé la nièce de Joisile, âgée de 16 ans, alors qu’elle se trouvait dans un parc de Grande Rivière le 12 février vers 21h30. L’adolescente se trouvait dans le parc parce que les portes de sa maison étaient verrouillées. Auguste lui a proposé de la raccompagner chez elle, a rapporté Joisile.
Lorsque la jeune fille s’aperçut qu’Auguste ne la conduisait pas chez elle, elle protesta. Auguste la menace de la poignarder si elle continue à résister. Joisile affirme qu’Auguste a emmené la mineure chez lui, l’a ligotée et l’a agressée sexuellement pendant trois jours. Au bout d’une semaine, Auguste l’a relâchée et elle souffrait d’une infection vaginale.
Auguste a été arrêté le 16 avril mais libéré le lendemain après que Chéry aurait reçu 3 000 $ en échange de sa libération. Joisile rapporte qu’Auguste a été libéré même si des protestations avaient éclaté contre Chéry la veille.
Joisile ajoute que le jour de sa libération, Auguste s’est rendu au domicile de sa victime et lui a lancé des pierres. Malgré le harcèlement continu, les adolescentes n’ont reçu l’aide d’aucune organisation régionale de défense des droits humains ni d’aucune institution de service de protection mineure.
Dans une autre affaire, Alfred Pélicier, qui a été arrêté pour avoir agressé sexuellement sa fille mineure, a également été libéré ce mois-ci après que Chéry aurait reçu 400 000 gourdes, soit environ 3 000 dollars. Chéry a ordonné la libération de Pélicier alors même que l’affaire ne relevait plus de sa compétence, selon Joisile et l’avocat anonyme.
L’avocat a également affirmé que Chéry aurait exigé un paiement en échange de la délivrance de mandats d’arrêt.
« Sans même tenir compte de ce que vous avez dit, si vous payiez, il vous donnerait immédiatement un mandat », a déclaré l’avocat.
Les habitants n’ont pas encore déposé de plainte formelle contre Chéry, mais Joisile a indiqué que les avocats s’apprêtaient à en déposer une auprès du parquet.
« Nous travaillons à porter plainte contre lui », a déclaré Joisile. «Les habitants ne resteront pas non plus les bras croisés.»