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Le Bureau du contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du département du Trésor américain a sanctionné l’ancien président haïtien Michel Martelly pour son rôle présumé dans la facilitation du trafic de drogue et le soutien à la violence des gangs en Haïti. Martelly, un ancien musicien populaire connu sous le nom de « Sweet Micky », s’est reconverti en politique et a été président de 2011 à 2016. Les sanctions, émises en vertu du décret exécutif 14059, visent les activités financières de Martelly, interdisant aux institutions financières américaines de collaborer avec lui et aux citoyens américains d’investir dans ses actifs.
Le Bureau de contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du département du Trésor américain a sanctionné l’ancien président haïtien Michel Joseph Martelly, connu pour sa transition controversée du statut de musicien populaire à la présidence, pour son rôle présumé dans la facilitation des activités de trafic de drogue et le soutien à la violence des gangs en Haïti. Les sanctions, émises le 20 août 2024, en vertu du décret exécutif 14059, soulignent l’implication présumée de Martelly dans le trafic de drogue illicite, qui a exacerbé la crise actuelle en Haïti, selon un communiqué de presse du Trésor.
« L’action d’aujourd’hui contre Martelly souligne le rôle important et déstabilisateur que lui et d’autres élites politiques corrompues ont joué dans la perpétuation de la crise actuelle en Haïti », a déclaré Bradley T. Smith, sous-secrétaire par intérim chargé du terrorisme et du renseignement financier. Les sanctions font partie des efforts du gouvernement américain pour perturber les activités de ceux qui alimentent la violence des gangs et l’instabilité politique en Haïti.
Avant d’entrer en politique, Martelly était connu sous le nom de « Sweet Micky », un musicien à succès et souvent controversé qui dominait la scène musicale konpa d’Haïti. Ses performances énergiques et son style provocateur ont fait de lui un nom connu de tous, et sa popularité a finalement ouvert la voie à sa carrière politique. En 2011, Martelly a remporté la présidence, où son mandat a été marqué par des promesses de développement économique et de réformes politiques, mais aussi par des allégations de corruption et de liens avec des éléments criminels.
Le Trésor américain accuse désormais Martelly d’avoir abusé de son influence pour faciliter le trafic de drogues dangereuses, notamment de cocaïne, à destination des États-Unis. Il se serait livré au blanchiment d’argent et aurait collaboré avec des trafiquants de drogue haïtiens, parrainant plusieurs gangs basés en Haïti.
Ces sanctions interdisent aux institutions financières américaines d’accorder des prêts ou des crédits à Martelly et aux citoyens américains d’investir ou d’acheter des quantités importantes de ses actifs. Martelly a également été ajouté à la liste des sanctions non basées sur le menu SDN, conformément au communiqué du département du Trésor.
Il s’agit de la deuxième fois que Martelly est sanctionné, après des mesures similaires prises par le gouvernement canadien en novembre 2022. Le Trésor américain s’est coordonné avec la Drug Enforcement Administration (DEA) sur cette action de sanctions.
Martelly déjà sanctionné en 2022
Martelly, qui a été président d’Haïti de 2011 à 2016, fait déjà l’objet de sanctions internationales. En novembre 2022, le Canada a ajouté Martelly, ainsi que deux anciens premiers ministres, Laurent Salvador Lamothe et Jean-Henry Céant, à sa liste de sanctions. À l’époque, le Canada avait indiqué que les élites politiques haïtiennes utilisaient leurs fonctions, qu’elles soient anciennes ou actuelles, pour protéger et soutenir les activités des gangs criminels, contribuant ainsi à une grave crise humanitaire et menaçant la paix et la sécurité régionales.
Les sanctions visaient le gel de tous les avoirs détenus au Canada par Martelly et les anciens premiers ministres. De plus, il était interdit à toute personne ou entité au Canada, ainsi qu’aux Canadiens et aux entités canadiennes à l’étranger, d’effectuer des transactions portant sur les avoirs des personnes mentionnées sur la liste, de conclure des transactions avec elles, de leur fournir des services ou de mettre des avoirs à leur disposition.
« Les individus sanctionnés bénéficient directement des activités des gangs et sont associés à un système de corruption », a expliqué Mélanie Joly, ministre canadienne des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse à Djerba en marge du sommet de la Francophonie.
Bien que le Conseil de sécurité de l’ONU, par l’intermédiaire de son comité d’experts sur Haïti, ait tardé à imposer des sanctions aux personnalités haïtiennes, un rapport publié par le comité en octobre 2023 accuse l’ancien président Martelly, l’ancien président du Sénat Youri Latortue et l’homme d’affaires Reynold Deeb d’entretenir des liens avec des gangs qui terrorisent la population en Haïti.
Selon ce rapport, les experts de l’ONU révèlent que Martelly aurait non seulement financé plusieurs gangs en leur fournissant des armes pendant son mandat mais serait également le fondateur d’un groupe de gangs connu sous le nom de Base 257. Ce groupe, dont le chef était en prison avant l’évasion de la prison civile de la capitale, serait impliqué dans des activités criminelles telles que des meurtres, des enlèvements, des vols et du trafic de drogue.