L’organisateur des élections avec Ariel Henry serait la dernière chose dont les Haïtiens ont besoin pour éviter de replonger dans l’abîme. Les enseignements tirés de l’histoire ne doivent en aucun cas être négligés. L’expérience passée de la nation haïtienne est déjà marquée par les conséquences d’une population passive, et il est essentiel de se souvenir des élections-contestations de 2010, 2011 et 2016. Il convient également de se méfier des alliances dénaturées qui pourraient aggraver la situation.
La dictature des Duvalier, dont le régime s’étend sur plusieurs décennies en Haïti, représente une page sombre de l’histoire nationale. Les années d’oppression, de violence et de corruption sous leur règne ont profondément marqué la mémoire collective. Cette période tumultueuse a tristement entaché les vives d’indépendance et de souveraineté pour lesquelles le peuple haïtien avait lutté avec une détermination inébranlable. Aujourd’hui, avec Ariel Henry au pouvoir, se profile la possibilité d’un retour à cette ère autoritaire que l’on avait cru révolue.
L’ère postindépendance, qui devrait incarner la promesse d’un avenir démocratique et prospère, est aujourd’hui entachée par l’ascension d’Ariel Henry au pouvoir, suscitant des inquiétudes légitimes quant à l’avenir politique du pays. Le caractère impérieux de sa nomination, dépourvue de légitimité électorale, est perçu comme une manifeste méchanceté et un mépris flagrant envers la souveraineté du peuple haïtien.
L’accord du 21 décembre, communément nommé « Tonton Nwel », est explicite quant à la nécessité d’un tournant dans le leadership d’Ariel Henry. Il est impératif de réfléchir sur la qualité de son mandat et son adéquation aux besoins du pays. Au cours de ses deux années de gouvernance, le bilan est marqué par une violence d’une ampleur inédite, symbolisée par le triste décompte des centaines de vies fauchées par les balles. Ce déferlement de sang doit impérativement être endigué, et cela nécessite le départ d’Ariel Henry, dont le temps semble révolu.
L’histoire d’Haïti a déjà enseigné aux Haïtiens les conséquences de la passivité face aux dirigeants autoritaires. Le précédent de François Duvalier, arrivé au pouvoir en 1957 sous la promesse d’un mandat unique de 5 ans, a rapidement évolué pour éroder les bases démocratiques du pays, modifiant la Constitution en 1961 et la réamendant en 1964. Les Haïtiens paient toujours le hommage de cette époque sombre.
La montée au pouvoir d’Ariel Henry, sans passer par des élections ou l’approbation du Parlement, est un autre facteur de préoccupation. Les allégations de collusion avec des groupes criminels sont troublantes, d’autant plus qu’il a été ministre de l’Intérieur sous Michel Martelly, ce qui soulève des questions sur sa responsabilité dans la montée des gangs en Haïti.
Dans la région caribéenne, l’initiative de la Caricom visant à maintenir Ariel Henry au pouvoir indéfiniment est sujette à des critiques légitimes. Les pays caribéens, tout comme d’autres nations, ont à cœur le respect de la loi et de la Constitution. La demande pressante formulée par les Haïtiens est légitime : qu’ils auraient l’opportunité de définir leur destin politique en se débarrassant du leadership discuté d’Ariel Henry avant le 1er janvier 2024, une date qui symboliserait la fierté et l’accomplissement pour tous les Haïtiens dignes de leur illustre héritage révolutionnaire, incarnés en la personne de Jean-Jacques Dessalines.
Les enseignements tirés de cette période de l’histoire d’Haïti soulignent la nécessité impérieuse d’une gouvernance démocratique et légitime pour éviter le retour à un passé sombre que l’on espérait à jamais révolu. Enfin, lorsque nous réfléchissons à l’avenir d’Haïti hypothéqué, des leçons du passé et des principes démocratiques fondamentaux émergents comme des guides essentiels pour éviter un retour à l’obscurité des Duvalier et pour permettre au peuple haïtien de perdurer son cheminement vers un avenir plus juste et prospère.