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Les étudiants ont prudemment repris leurs études cette semaine dans la capitale haïtienne, après une interruption de plus de deux mois en raison de la violence généralisée des gangs qui a perturbé l’année universitaire. Au cours de ces violents incidents, de nombreuses écoles et facultés ont été victimes d’incendies criminels, de pillages et de vandalisme.
PORT-AU-PRINCE — Cette semaine, de nombreux étudiants de cette capitale ont repris le chemin de l’école après une interruption de deux mois causée par l’escalade de la violence des gangs. Cela comprend des étudiants de diverses universités locales, notamment des établissements privés. Cependant, la peur et le stress associés à la navigation dans les rues de la ville sont palpables alors que les étudiants tentent de se réadapter à la vie scolaire.
« Je suis retournée à l’école avec une appréhension considérable car la situation (la violence des gangs) ne s’est pas vraiment améliorée », a déclaré au Haitian Times Rosie Thelusma, étudiante en médecine à l’Université de la Fondation Aristide (UNIFA). « Quand je suis dans la rue, je suis extrêmement stressé parce que je ne me sens pas en sécurité à cause du manque de présence policière. »
Thelusma doit passer ses examens finaux au deuxième semestre en juin. Elle s’inquiète de la façon dont la suspension des cours pourrait affecter ses résultats. «Je n’ai rien fait de spécial à la maison. À un moment donné, rester à la maison devient mentalement épuisant.
Certains restent prudents.
« Mes sœurs cadettes sont scolarisées depuis le lundi 6 mai, mais j’attends toujours la décision de la direction de mon école », raconte Esther Jean Claude, étudiante à l’université. « Dans la zone où se trouve leur école, il n’y a aucun problème actuellement. Cependant, ma mère préfère les envoyer en civil par précaution.
Depuis le début de la semaine, Port-au-Prince connaît un calme relatif. La vie était telle qu’elle était quelques mois avant que la bande n’accélère ses attaques contre la capitale, ce qui avait conduit à la démission de l’ancien Premier ministre Ariel Henry.
Mercredi, comme lundi et mardi, les transports publics ont fonctionné sans problème, même si certains quartiers proches du centre-ville comme Bas Delmas et Portail Léogâne sont restés tendus. Les banques commerciales et les transactions dans les bureaux de transfert grouillaient de clients et les vendeurs étaient visibles sur la plupart des trottoirs.
Les pompes à carburant, autrefois sèches, servaient désormais aux conducteurs et aux motocyclistes. Les magasins de détail et les supermarchés, notamment le long de l’autoroute de Delmas, avaient ouvert leurs portes au public.
Le secteur de l’éducation reste l’un des plus durement touchés par la crise multidimensionnelle que connaît Haïti. Des manifestations politiques à la violence des gangs, le calendrier scolaire ne s’est pas déroulé sans perturbations pendant une année.
Depuis l’escalade des violences le 29 février, les attaques ont entraîné la fermeture de nombreuses écoles dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Certaines ont été incendiées, tandis que d’autres, notamment les facultés d’agronomie, de médecine et de pharmacie de l’Université d’État d’Haïti et l’École nationale des arts, ont été endommagées, pillées et vandalisées par des gangs.
Fin janvier, environ 900 écoles avaient temporairement fermé leurs portes, privant environ 200 000 enfants de leur droit à l’éducation, selon une étude de l’UNICEF rapport publié le 8 avril. « La situation est de plus en plus préoccupante car les gangs contrôlent désormais 80 à 90 % de la capitale », indique l’UNICEF, ajoutant que de nombreuses autres écoles ont brutalement fermé leurs portes à Port-au-Prince fin février.
Le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP), dans un communiqué publié le 6 mai, s’est réjoui de la reprise progressive des activités scolaires à Port-au-Prince. Les responsables du MENFP ont annoncé qu’ils prenaient des dispositions pour compenser les jours de cours perdus et apporter un soutien aux étudiants les plus touchés par les perturbations de l’année universitaire.
En plus de l’apprentissage en classe, le MENFP prévoit d’utiliser des capsules vidéo, des émissions de radio, de webradio et de télévision. Ils proposeront également des cours sur leur plateforme de ressources numériques et d’autres plateformes d’établissements partenaires pour garantir la bonne fin de l’année scolaire. Le ministère de l’Éducation invite tous les secteurs, particulièrement les enseignants expérimentés intéressés à participer à ce programme de « récupération des apprentissages », à s’inscrire dans les écoles où ils enseignent, selon le communiqué.
La réouverture des écoles et des facultés après d’importants dégâts causés par la violence des gangs a ramené un semblant de normalité dans l’environnement éducatif. Certains ressentent cependant une amertume persistante. « Les derniers jours d’école ont été marqués par la peur et beaucoup de méfiance », raconte Taïna Lévêque, étudiante à l’UNIFA. « Nous restons stressés car l’insécurité est toujours là. »
Il n’existe pas encore de rapport exhaustif sur l’impact de l’insécurité alimentée par la violence des gangs sur le système éducatif. Les médias haïtiens ont continué à faire état d’attaques de gangs contre les infrastructures scolaires et ont contraint plusieurs parents à fuir leur domicile avec leurs enfants, incapables de retourner à l’école.