L’Edito du Rezo
Le hiatus entre les discours des autorités et de leurs partisans, tant au niveau local qu’international, et la durée de la réalité sur le terrain suscitent un profond étonnement. Cette divergence semble dépasser le simple écart d’opinions pour s’apparenter davantage à une moquerie insouciante, jetant ainsi une lumière crue sur la déconnexion entre les paroles prononcées et les souffrances endurées par la population.
Les corps sans vie, les victimes de balles, sont devenus monnaie courante en Haïti. Dans un cynisme déconcertant, Ariel Henry a dépassé tous les records. Pourtant, remontant à la date fatidique du 29 novembre 1985, Jean-Claude Duvalier, avec seulement trois cadavres à son actif, signait déjà la chronique annonciatrice de la fin d’une dynastie. Aujourd’hui, la situation a évolué de manière alarmante et cruelle, avec des gangs criminels qui s’étendent sur de nouveaux « territoires perdus », sémant la terreur à travers des actes de violence, de viol et de destruction. Curieusement, c’est dans ce contexte que le besoin apparent de la continuité de la « mission » d’Ariel Henry semble se manifester, malgré le chaos croissant et le désespoir d’un lendemain meilleur.
Dans ce sombre chapitre de l’histoire haïtienne, la légitimité d’Ariel Henry persiste comme une ombre sinistre, jetant un doute profond sur la stabilité politique du pays pour les prochaines années à venir. L’interrogatoire lancinante demeure : Henry, maintenu au pouvoir malgré son illégitimité, sera-t-il indifférent au sort tragique qui se profile pour les populations de l’Artibonite et du Grand Sud, condamnées à la famine ? Tout vient presqu’à manquer en cette fin d’année.
Dans ce contexte cauchemardesque, l’inconcevable se produit : les partisans du régime témoignent d’une indifférence choquante envers les besoins « immédiats » des Haïtiens en détresse. La rhétorique sur les urgences humanitaires sonne creuse lorsque l’on sait que des solutions tangibles existantes restent mais inexplicablement inexplorées.
La réalité quotidienne pour de nombreux Haïtiens est une lutte pour la survie, confrontée à la violence délibérée des gangs. Les « hautes autorités » du pays, soutenues par une communauté internationale perplexe, persistantes dans leur mépris des besoins essentiels de la population. L’agonie haïtienne se déroule sous le regard atterré du monde, qui semble parfois croire que la solution réside dans l’intervention de troupes étrangères, notamment celles du contingent kényan.
Pourtant, Me Arnel Remy propose une perspective alternative : doter la PNH des moyens nécessaires pour mettre en œuvre une politique efficace. Selon lui, la clé de la résolution de la crise réside dans le renforcement des capacités internes plutôt que dans une dépendance continue à l’égard des forces étrangères.
À l’approche du 220e anniversaire de l’indépendance d’Haïti, la mainmise internationale sur les affaires haïtiennes atteint des proportions alarmantes. Le contrôle exercé sur le choix des dirigeants et la gestion des administrations du pays semble exacerbé, évoquant des périodes sombres de l’histoire. Le gouvernement actuel, empêtré dans son incompétence apparente, avance sans clarté vers une destination incertaine, laissant la population en proie à une crise humanitaire dévastatrice mais moins asphyxie que la violence aveugle des gangs « inventée » qui violent et qui tuent.
Dans cette période décisive, alors que la nation haïtienne aspire ardemment à des solutions, une citation de Victor Hugo résonne avec une clarté frappante : « Les tempêtes font les arbres plus robustes et les citoyens plus forts. » Haïti, puisant dans sa riche histoire de résilience, est-elle en mesure de mobiliser la force intérieure indispensable pour transcender les défis présents et écrire un nouveau chapitre empreint de prospérité et de souveraineté ?
Qui mettra fin à ce flot de sang issu d’une hémorragie cérébrale d’un médecin malade, incapable de se soigner par lui-même ?