Les Barcelonaises célèbrent le deuxième mais d’Alexia Putellas. SUSANA VERA / REUTERS Barbancourt le rhum des connaisseurs Plus de doute, après cette troisième finale de Ligue des champions entre l’OL et le Barça, cet affrontement entre les Rhodaniennes et les Catalanes s’inscrit comme un classique du football féminin européen. Depuis 2015, aucun autre club que
Plus de doute, après cette troisième finale de Ligue des champions entre l’OL et le Barça, cet affrontement entre les Rhodaniennes et les Catalanes s’inscrit comme un classique du football féminin européen. Depuis 2015, aucun autre club que ces deux-là n’a remporté le trophée. Et dans un avenir proche, on ne voit pas qui pourrait perturber cette rivalité. Déjà titré en 2021 et en 2023, le Barça a remporté, samedi 25 mai à Bilbao (Espagne), son troisième trophée continental en dominant Lyon (2-0), à terme d’un match de haut niveau.
Grâce à des buts de leurs deux Ballons d’or, Aitana Bonmati (64e) et Alexia Putellas (95e), les Catalanes ont pris leur revanche sur un club qu’elles n’avaient jusque-là jamais battu en Ligue des champions. « Le Barça plus fort ? Je ne sais pasa réagi Wendie Renard, capitaine lyonnaise. Elles ont été plus efficaces. Il faut savoir perdre avec classe. Félicitations à elles. On reviendra plus forte. »
Cette année, le club catalan disputait sa cinquième finale continentale sur les six dernières éditions, la quatrième d’affilée. Huit fois vainqueur, l’OL a réussi à remporter sa onzième finale. Sa dernière défaite en finale remontait à 2013. « On voit combien les Barcelonaises sont contentes ce soir, elles ont galéré pendant des années pour gagner face à nous »rappelait Renard.
Portées par un public totalement acquis à leur cause, les Barcelonaises avaient l’ambition d’arracher des mains lyonnaises le sceptre de la meilleure équipe d’Europe, équivalent du Real Madrid chez les hommes. A Bilbao, le Pays basque a laissé sa place à la Catalogne. La ville portuaire a été envahie par une nouvelle impressionnante de supporters blaugranas. Théâtre de cette finale de l’édition 2024 de la Ligue des champions féminine, le stade San Mames a mérité son surnom de « cathédrale du football ». Quinze minutes avant le coup d’envoi, l’hymne du Barça est repris par cinquante mille Barcelonais. Le décor est planté et nul doute que la pièce devait se jouer en catalan plutôt qu’en « parler gone ».
« La capitale du football féminin est Barcelone »
A trois heures de la finale, une supportrice du Barça, Laura, affichait une confiance, teintée d’arrogance : « Désormais, la capitale du football féminin est Barcelone. » S’il est difficile de lui donner tort depuis quatre ans, les Lyonnaises de Wendie Renard ont montré qu’elles sont toujours des rivales de grande classe.
Dans les prochaines années, elles compteront sur le projet ambitieux de leur nouveau propriétaire américain, Michele Kang, pour concurrencer le Barça. Pour cela, il faudra réussir à créer plus d’engouement autour de l’équipe. « Ce que les Barcelonaises réalisent est magnifique. Elles arrivent à remplir un stade avec 50 000 personnes », a reconnu l’entraîneure de l’OL, Sonia Bompastor. Comme à Barcelone, où la porosité entre les fans catalans de l’équipe masculine et féminine se vérifie aux noms des vedettes qui figurent au dos des maillots : Putellas, Paralluelo, Bonmati pour les footballeuses, Xavi, Messi, Lewandowski ou Pedri pour les footballeurs .
Le football féminin ne bénéficie presque nulle part ailleurs d’une telle ferveur. Les mauvais résultats de la section masculine – dont l’entraîneur Xavi vient d’être licencié – renforcent certainement l’attachement viscéral du peuple barcelonais à ses fantastiques joueuses.
En face, l’OL possède peut-être le plus beau palmarès du football féminin, les frontières n’en sont pas moins beaucoup plus hermétiques entre le public des hommes et celui des femmes. Samedi, il n’était que quelques centaines à suivre leurs joueuses en Espagne pendant que près de 20 000 supporters sont annoncés à Lille (à partir de 21 heures) pour supporter l’équipe masculine en finale de la Coupe de France contre le PSG.
La présidente Kang a fait de cette cause l’un de ses chantiers prioritaires. En demi-finale aller face au PSG, fin avril, un record d’affluence à domicile (38 000 spectateurs) a récompensé ses efforts. A l’extérieur, le pari est encore trop difficile. « L’arrivée de Michele Kang est une bonne chose pour l’OL féminin, c’est une femme ambitieusea souligné Sonia Bompastor après la rencontre. Elle a une vision claire de son projet et vous pouvez compter sur nous pour le futur. »
Vaillantes et méritantes, les Lyonnaises ont affronté une atmosphère à sens unique dans les tribunes. Elles ont été sifflées dès l’échauffement et à l’annonce de la composition d’équipe. Pourtant remplaçante au coup d’envoi et entrée en jeu en fin de rencontre, Ada Hegerberg a reçu encore plus de huées, à cause du (mauvais) souvenir de son triple précoce qui avait balayé le Barça, en 2019, lors de la première finale entre les clubs.
Une fin de match dominée par l’OL
Cette fois-ci, la décision ne s’est pas faite d’entrée. Les Lyonnaises avaient marqué dès les premières minutes de jeu lors de leurs deux succès en finale contre le Barça. Au Pays basque, elles ont longtemps résisté à un adversaire meilleur techniquement. C’est sur un raid solitaire de sa maîtresse à jouer, Aitana Bonmati, que le Barça a débloqué la situation. A l’heure de jeu, le tir de la championne du monde espagnol a été dévié par la défenseuse Vanessa Gilles pour lober la gardienne Christiane Endler.
Il n’y a pas eu de leçon de football malgré l’ossature des championsnes du monde 2023 espagnoles (Bonmati, Salma Paralluelo, Mariona Caldentey, Irene Paredes), renforcées par de grandes joueuses étrangères comme la Norvégienne Caroline Graham Hansen, la Suédoise Fridolina Rolfö et les Anglaises Lucy Bronze et Keira Walsh.
La fin de match a été outrageusement dominée par l’OL, qui a multiplié les situations dangereuses, sans parvenir à marquer. Dans les arrêts de jeu, le deuxième but du Barça, inscrit par l’entrante de luxe Alexia Putellas, a scellé le sort de cette Ligue des champions 2024.
Wendie Renard ne voit aucune passation de pouvoir dans cette troisième victoire du Barça en quatre éditions : « Pour le moment, nous avons huit trophées et c’est leur troisième. » Dès la saison prochaine, les deux rivaux devraient à nouveau se disputer cette passionnante suprématie européenne.