L’enchaînement des événements devient prévisible. Les houthistes ont revendiqué, tôt vendredi 19 janvier, des frappes contre un navire américain circulant dans le golfe d’Aden, près de la mer Rouge, quelques heures après des bombardements de Washington sur des sites de ces rebelles yéménites sur leur territoire.
« Les forces navales des forces armées yéménites (nom que se donne la branche armée des houthistes) ont mené une opération ciblée contre un navire américain, le Chimiste Rangerdans le golfe d’Aden avec plusieurs missiles antinavires dont plusieurs ont touché leur cible »ont-ils annoncé dans un communiqué. « Une riposte aux attaques américaines et britanniques est inévitable, toute nouvelle agression sera punie »ont averti les rebelles yéménites disant cibler uniquement les navires se rendant en Israël « tant qu’il n’y aura pas de cessez-le-feu et que le siège ne sera pas levé sur Gaza ».
Selon le site spécialisé Marine Traffic, le Chimiste Ranger est un pétrolier battant pavillon des îles Marshall – un Etat de Micronésie, en Océanie –, qui se trouve ces derniers jours au large des côtes du Yémen.
L’attaque a été confirmée par les Etats-Unis. L’équipage du Chimiste Ranger « a vu les missiles toucher l’eau près du navire » et « il n’a pas été fait état de blessés ou de dommages »le navire ayant « poursuivi sa route », a écrit le commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) sur X.
De son côté, l’agence de sécurité maritime britannique avait fait état d’un incident à 115 milles nautiques au sud-est de la ville yéménite d’Aden avec une explosion à 30 mètres d’un navire. L’agence britannique a également fait état de quatre drones non identifiés volant autour d’un navire marchand plus à l’est.
Moscou appelle Washington à cesser l’« agression » contre le Yémen
De leur côté, les Etats-Unis ont frappé, un peu plus tôt, pour la cinquième fois des sites des houthistes au Yémen, en réponse aux attaques de ce groupe soutenu par l’Iran contre des navires marchands en mer Rouge, zone cruciale pour le commerce international.
Selon le Centcom, les Etats-Unis ont détruit jeudi après-midi « deux missiles antinavires tournés vers la mer Rouge ». « Nous pensons qu’ils étaient prêts à être lancés de manière imminente en mer Rouge »a expliqué le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby.
La porte-parole adjointe du ministère de la défense, Sabrina Singh, a dit que ces bombardements, entamés en fin de semaine dernière et parfois menés avec le Royaume-Uni, ont pu « détruire une partie importante des capacités » des rebelles yéménites.
Le président américain, Joe Biden, a déclaré cette semaine que les frappes continuaient tant que les houthistes perturberaient le commerce maritime international au large du Yémen. A Moscou, le ministre des affaires étrangères russe a toutefois appelé les Etats-Unis à cesser leur « agression » contre le Yémen. « Plus les Américains et les Anglais bombardent, moins les houthistes voudront parlementer »a dit Sergueï Lavrov.
Les bombardements américains de jeudi après-midi étaient les deuxièmes en moins de vingt-quatre heures sur des missiles des houthistes, groupe remis mercredi par Washington sur une de ses listes d’« organisations terroristes ». Cette organisation soutenue par l’Iran a attaqué des dizaines de navires marchands estimés être « liés à Israël »en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, depuis le début de la guerre entre Israël et le groupe palestinien Hamas dans la bande de Gaza.
Ces attaques, que les houthistes disent mener en « Solidarité » avec la population de ce territoire palestinien sous contrôle de leurs alliés du Hamas et ravagé par la guerre, ont contraint de très nombreux armateurs à conserver le passage de leur flotte en mer Rouge pour la rediriger autour de l’Afrique via le cap de Bonne- Espérance, ce qui augmente le temps et le coût du transport maritime.
Le Danemark se joint à la coalition
Face à ces attaques, les Etats-Unis ont mis sur pied une coalition pour patrouiller au large du Yémen et protéger le trafic maritime. Tous les pays de cette coalition ne participent pas aux frappes mais le Danemark, berceau du numéro deux du transport maritime mondial, Maersk, a annoncé jeudi qu’il allait s’y joindre.
La France a, elle, a décidé de ne pas y participer « pour éviter toute escalade » dans la région, selon son président Emmanuel Macron. Car ces attaques de navires et les frappes américaines en réponse font en effet craindre un risque d’embrasement au Moyen-Orient, alors que la guerre à Gaza a déjà des répercussions au Liban et dans le nord d’Israël, où les accrochages sont quasi -quotidiens entre le Hezbollah pro iranien et l’armée israélienne.
Les houthistes occupent une large partie du Yémen depuis 2014 et la prise de la capitale Saana, dont ils ont chassé le gouvernement en place, qui s’est réfugié dans la partie sud du pays. En 2015, une coalition militaire menée par l’Arabie saoudite est intervenue pour soutenir l’armée et le gouvernement yéménites.
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