Jeudi, au Conseil de Sécurité sur la situation en Haïti, sans faire préciser référence à « l’audition à domicile » d’Ariel Henry, qui attend probablement avec impatience une ordonnance le mettant hors d’inculpation en dépit du rapport d’enquête la DCPJ, le représentant de la Russie continue de manifester une grande méfiance envers la justice susceptible d’être influencée par des intérêts particuliers en Haïti.
D’autre part, il a exprimé des regrets quant au manque de clarté dans l’enquête sur le meurtre de l’ancien Président Moïse, tout en dénonçant l’ingérence extérieure dans ce processus et dans les affaires politiques internes d’Haïti en général. .
Le représentant de la Fédération de Russie a observé que la situation en Haïti se détériore chaque mois. Le nombre d’homicides liés aux gangs en 2023 a doublé par rapport à 2022, et les violations des droits humains augmentent également de façon exponentielle, at-il constaté, notant que les gangs ont entre les mains des centaines de milliers d’armes légères , qui continue d’affluer sans entrave dans le pays.
De l’avis du représentant, « le plus grand fabricant d’armes de la région est bien conscient de son implication dans ces projets, mais il ne peut ou ne veut rien faire pour éviter qu’Haïti soit inondé d’armes en provenance du continent américain ».
Face à ce fléau, la Police nationale d’Haïti (PNH) a perdu ces trois dernières années quelque 3 300 agents et ses unités restantes sont souvent mal équipées et insuffisamment préparées. Alors que de grands espoirs sont placés dans la Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti, il a regretté que, plus de trois mois après l’adoption de la résolution 2699 (2023), les informations demandées sur les paramètres clefs de l’opération manquent toujours. Il a supposer que l’intervention convenue au titre du Chapitre VII de la Charte doit se dérouler dans un cadre clairement défini et être pleinement responsable devant le Conseil.
Le représentant a cependant jugé qu’au-delà des questions sécuritaires, la crise principale est politique notant que, depuis longtemps, pas un seul organe de pouvoir n’a été légitimement élu dans le paysil a déploré l’extrême lenteur des préparatifs pour le lancement du processus électoral.
Il a également déploré que l’accord de consensus national, signé il ya plus d’un an, n’ait pas été mis en œuvre, faute d’une entente politique large sur l’avenir du pays. Dans ce contexte, il a appelé toutes les parties à mettre de côté leurs intérêts égoïstes et à parvenir dès que possible à des accords sur la tenue d’élections et la gouvernance du pays pendant la période de transition.
Enfin, après avoir noté l’élargissement de la liste du Comité des sanctions à plusieurs chefs de gangs locaux, il a souhaité que ces mesures ne deviennent pas un outil pour « neutraliser » les personnalités politiques et les hommes d’affaires haïtiens « détestés » par l’Occident.