Des dizaines de milliers de personnes ont fui la capitale haïtienne, Port-au-Prince, pour échapper à une recrudescence de la violence des gangs au cours des dernières semaines.
Les chiffres de l’ONU suggèrent que plus de 53 000 personnes ont quitté la ville de 3 millions d’habitants entre le 8 et le 27 mars.
L’ONU prévient que les régions rurales vers lesquelles de nombreuses personnes ont fui ne sont pas équipées pour faire face à un afflux aussi important de personnes déplacées.
Pendant ce temps, des gangs attaquent des commerces dans la capitale, incendiant des pharmacies et vandalisant des écoles.
La police nationale d’Haïti a réussi à repousser une attaque contre le palais présidentiel lundi, mais des hommes armés ont pris d’assaut l’hôpital voisin de l’Université d’État d’Haïti, connu sous ses initiales HUEH, pour l’utiliser comme centre de commandement.
HUEH avait fermé ses portes le mois dernier en raison des violences et devait rouvrir lundi.
Les dégâts causés par les gangs risquent de retarder encore davantage sa réouverture.
L’accès aux soins, déjà très restreint, est devenu encore plus difficile après que des hommes armés ont pillé la semaine dernière un hôpital du quartier Delmas 18 et le centre de santé de Saint-Martin.
Les gangs criminels contrôlent non seulement le port principal de Port-au-Prince, mais également de nombreuses routes d’accès à la ville, ce qui rend difficile le transport de fournitures médicales.
Même si la situation dans les hôpitaux de la capitale est désastreuse, l’ONU a averti que l’arrivée de dizaines de milliers de personnes déplacées dans des zones rurales mal équipées pour y faire face pose également de graves problèmes.
La plupart de ceux qui ont fui Port-au-Prince se sont dirigés vers le sud, vers des zones encore ravagées par le tremblement de terre de 2021, qui a tué plus de 2 000 personnes.
« Il convient de souligner que (ces) provinces ne disposent pas d’infrastructures suffisantes et que les communautés d’accueil ne disposent pas de ressources suffisantes pour leur permettre de faire face à ces flux de déplacements massifs en provenance de la capitale », a déclaré l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) de l’ONU. mardi.
Alors qu’Haïti est confronté à une crise humanitaire depuis des années, la récente recrudescence de la violence a commencé fin février lorsque le Premier ministre Ariel Henry s’est rendu au Kenya pour conclure un accord permettant à ce pays africain de diriger une force de sécurité multinationale.
Les bandes criminelles en guerre de la capitale se sont unies dans une alliance difficile pour évincer le Premier ministre.
M. Henry a été empêché de rentrer dans le pays lorsque les gangs ont attaqué l’aéroport international, forçant sa fermeture.
Il a accepté le mois dernier de se retirer dès la création du conseil présidentiel de transition.
Le Conseil a publié sa première déclaration officielle la semaine dernière, promettant de rétablir « l’ordre public et démocratique », mais il n’a encore pris aucune mesure concrète.
Parallèlement, les violentes attaques dans la capitale ont repris cette semaine après une relative accalmie à Pâques.