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Quatre criminels ont été tués alors qu’ils tentaient d’attaquer la banque centrale d’Haïti, une institution qui régit toutes les autres banques du pays. Ces bandits avaient déjà pris le contrôle de plusieurs endroits stratégiques de la capitale. Face à cette escalade de la violence, l’UNICEF lance un sombre avertissement : les conflits persistants entre gangs pourraient précipiter une catastrophe humanitaire.
PORT-AU-PRINCE — Quatre individus armés ont été tués lundi lors d’une attaque contre la Banque de la République d’Haïti (BRH) à Port-au-Prince. Les assaillants ont été déjoués par les agents de sécurité de la banque, appuyés par des renforts des Forces armées haïtiennes (FADH) et de la Police nationale haïtienne (PNH). Malgré la contre-offensive, un agent de la banque aurait été blessé. Quatre fusils M4 ont été récupérés sur les lieux par la police.
Cet incident fait partie d’une série d’attaques en cours. À Pétion-Ville, commune de Port-au-Prince, au moins dix personnes ont été retrouvées mortes des suites de blessures par balle dans la rue Panaméricaine au petit matin du 18 mars. Des bandits ont envahi et pillé de nombreuses maisons, dont celle de Pierre Volmar Demesyeux, juge de la Cour des Comptes et du Contentieux Administratif.
Anthony Bennett, un homme d’affaires local, a fait état d’une attaque de gangs à Laboule, une banlieue située à quelques kilomètres au sud-est de Port-au-Prince, entre Pétion-Ville et Kenscoff. « C’est mon agent de sécurité qui a été abattu, nous prions pour lui », a-t-il déclaré.
L’UNICEF met en garde contre le risque d’une catastrophe humanitaire
Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) met en garde contre une catastrophe humanitaire imminente. Les gangs qui contrôlent le port principal de Port-au-Prince ont pillé l’un des 17 conteneurs de l’UNICEF remplis de fournitures pour les soins maternels, néonatals et infantiles, le développement et l’éducation de la petite enfance et du matériel d’approvisionnement en eau.
Bruno Maes, Représentant de l’UNICEF en Haïti, s’est dit préoccupé par la situation. « Nous assistons à une catastrophe humanitaire et il reste peu de temps pour inverser la tendance », a-t-il déclaré.
Cette escalade de la violence, associée à la paralysie de la capitale haïtienne par les gangs, continue d’exacerber la crise humanitaire. L’accès aux centres de santé à Port-au-Prince est devenu difficile, privant trois femmes et enfants sur quatre de la zone métropolitaine d’accès aux interventions de santé publique et de nutrition.
Selon l’UNICEF, six hôpitaux sur dix dans tout le pays ne sont pas fonctionnels et seules deux installations chirurgicales restent opérationnelles à Port-au-Prince. « Chaque centre de santé fermé met des vies en danger et prive les gens de soins médicaux essentiels », a déclaré l’organisation.
Des milliers de personnes ont été déplacées à Port-au-Prince
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) rapporte que le nombre de personnes déplacées à Port-au-Prince a augmenté de 15 % depuis le début de l’année, avec 160 000 personnes incapables de rentrer chez elles en raison de la violence incontrôlée des gangs.
Malgré l’escalade de la violence et la crise des déplacements en Haïti, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a observé une diminution du nombre de personnes déplacées dans les sites d’hébergement du 9 au 15 mars 2024. Depuis le début de la crise, 84 sites actifs ont été identifiés. , abritant 20 884 personnes gérées et 86 040 personnes déplacées.
La répartition des personnes déplacées dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince varie. Pétion-Ville a accueilli 1% de la population déplacée, Carrefour 2%, Cité-Soleil 2%, Tabarre 5%, Delmas 17%, et Port-au-Prince en a accueilli la majorité avec 73%.
Dans son point hebdomadaire, l’OIM a signalé que plusieurs sites ont connu un afflux important de personnes déplacées. L’Institut Mon Fort héberge actuellement 9 500 personnes déplacées, le nouvel emplacement du Lycée Marie Jeanne en compte 6 250, l’Ecole des Jeunes Filles en a enregistré 5 004, le Lycée Anténor Firmin en compte 3 471 et l’emplacement actuel du Lycée Marie Jeanne accueille 3 173.
Malgré cette sombre réalité, Martin Griffiths, chef des secours de l’ONU, garde espoir. « Le peuple haïtien a déjà enduré tant de choses », a-t-il déclaré. « Pourtant, chaque jour qui passe apporte de nouvelles privations et de nouvelles horreurs », a-t-il ajouté, soulignant la nécessité d’une action immédiate pour résoudre la crise.