Quel doit être le profil du remplaçant d’Ariel Henry ?
Il est clair qu’Ariel Henry relève du passé. Cela ne sert à rien de continuer à parler d’un homme qui n’a rien fait pour stabiliser le pays pendant près de trois ans. Tout ce que l’ancien premier ministre a fait c’était de conforter son équipe qui l’aidait à gérer le pays. Tout poux eux, rien pour Haïti.
Entre temps, Ariel Henry laisse derrière lui un pays exsangue avec des gangs contrôlant désormais toute la capitale haïtienne, le taux de change est de 143 gourdes pour un dollar, les écoles et les universités sont fermées, les hôpitaux sont saturés de victimes par balles. Personne ne peut sortir de la capitale pour aller dans une ville de province. Le pire dans cela est que tous les prisonniers de la plus grande prison du pays sont dans la rue.
Face à ce sombre tableau, nous ne pouvons nous permettre de placer un amateur de la politique à la Primature. Il y a certains moments où un peuple doit se prendre au sérieux, c’est-à-dire essayer d’être l’acteur de son propre destin. Oui, cela est possible. Il n’y a aucun fatalisme dans les affaires publiques. On peut éviter que des guignols se succèdent à la Primature de la République d’Haïti car l’heure est grave !
Tout ce que l’on sait c’est qu’aucun membre du gouvernement sortant ne doit pouvoir bénéficier de l’incompétence et des gabegies qu’ils ont étalées au grand jour pendant près de trois ans. Il semblerait que dans cette période tourmentée certains secteurs voudraient imposer le ministre des finances Patrick Boisvert, à la Primature ? Nous croyons que le moment n’est pas aux blagues de mauvaise goutte. Pendant trois ans Boisvert a averti toutes les bêtises d’Ariel Henri qui ont mis toutes nos institutions à terre. D’ailleurs, fort de cette confiance placée dans l’âme damnée qu’est Boisvert, Ariel n’a trouvé personne d’autre pour assurer l’intérimat en son absence. Boisvert est en quelque sorte son homme de confiance et la prudence à ses trois ans de destruction de l’Etat haïtien. A aucun moment on ne doit penser à Boisvert pour occuper la Primature. Tout ce que ce dernier peut faire, c’est d’assurer la passation de pouvoir avec le prochain premier ministre dont nous camperons le profil dans les lignes suivantes puisqu’il s’agit avant tout de sauver le pays.
Le profil qui correspond à notre pays pour le moment, et même peut être pour encore longtemps, est avant tout et surtout un technicien. Nous nous expliquons là-dessus : cette personne doit être au-dessus de la mêlée. Elle ne doit pas avoir son nom cité dans les rapports sur la corruption (PETRO CARIBE et autres) car le pays en a marre de ces dirigeants traditionnels qui ne font que l’enfoncer dans la misère. Nous avons le droit d’avoir un profil qui jouit d’une grande notoriété auprès de la communauté internationale. Entendons-nous sur ce point : nous avons besoin d’une personne fiable pour assurer nos partenaires internationaux. Plus que jamais, Haïti a besoin de quelqu’un qui maîtrise les rouages des institutions internationales afin d’aider à mieux discuter avec la communauté internationale. Cette personne doit être aussi à l’écoute des désidérata du peuple car elle ne sera pas un envoyé de la communauté internationale. Cette personne sera également capable de dialoguer avec tous les secteurs de la vie nationale. D’ailleurs, il ne sera un loisir pour cette personne de penser à organiser une véritable conférence de tous les secteurs de la vie nationale.
Un tel profil permettra la stabilisation du pays afin de relancer l’économie nationale. Nous rapatrierons en même temps notre souveraineté alimentaire tout en mettant Haïti sur la voie des élections dans les prochains mois.
Franchement, il n’y a pas mieux que ce profil pour Haïti. Ce sera l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.
Jacqueline Demesyeux,
Docteur en Sciences Politiques.
Université Libre de Bruxelles.