LLe lundi 18 décembre 2023, une réunion informelle de l’Assemblée Générale des Nations Unies sur Haïti a eu lieu au bâtiment de l’ONU à Manhattan. Le Président de l’Assemblée générale, Dennis Francis, a profité de cette réunion pour présenter un rapport sur sa visite en Haïti les 20 et 21 novembre 2023 dernier où il a rencontré entre autres le Premier ministre de facto Ariel Henry, le Ministre des Affaires. étrangers Jean Victor Généus, la Ministre de la Justice Emmelie Prophète Milcé, et la Ministre de la Femme Sofia Loréus.
Dans son exposé, le président Dennis Francis a présenté une image sombre du pays. Il a décrit « des écoles transformées en refuges et abritant des personnes déplacées par la violence des gangs, ainsi que des parents kidnappés contre rançon en accompagnant leurs enfants à l’école. » Pour renforcer son exposé il a fait savoir « J’ai entendu des rapports alarmants faisant état de la perte d’environ 40 % – oui, 40 % – des agents de santé d’Haïti, ces derniers ayant quitté le pays dans l’espoir de trouver un avenir meilleur ailleurs ».
« Cette violence en Haïti doit clairement cesser », a indiqué M. Francis après tout ce qu’il a entendu en Haïti sur l’histoire de femmes et de filles soumises à des violences sexuelles brutales. Dans sa conclusion, le Président de l’Assemblée générale a rapporté que : « Pour l’heure, les gangs contrôlent 80 % de la capitale Port-au-Prince. Selon le BINUH, leur contrôle s’étend encore plus loin dans des zones rurales, auparavant considérées comme sûres – tuant, violant, kidnappant et détruisant des biens ».
Dans la même veine, la Représentante spéciale du Secrétaire général en Haïti María Isabel Salvador et cheffe du Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH) qui a participé par vidéoconférence, a enchainé dans le même sens. Elle a souligné l’aggravation de l’insécurité et la fréquence des assassinats, des enlèvements et des incidents de violence sexuelle et sexiste a augmenté par rapport à l’année dernière. Elle a également informé que la capacité de la Police nationale haïtienne (PNH) à faire face à cette insécurité croissante est en déclin. Puisque rien que cette année, at-elle lancé, plus de 1 600 agents ont quitté la Police nationale haïtienne, la majorité cherchant des opportunités d’émigration dans le cadre du programme Biden en cours.
Elle continue pour ajouter que les agents policiers restants « sont confrontés à une situation désastreuse, aux prises avec un équipement, une formation et une rémunération inadéquates, ce qui entrave considérablement leur efficacité contre les gangs armés de plus en plus lourdement équipés. Le contexte sécuritaire désastreux et la perte de confiance dans la police ont contraint certains Haïtiens à l’ancien des groupes d’autodéfense. »
Une autre intervenante importante a été l’Ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, qui pour sa part a fait un long discours pour vendre la propagande de son pays, l’impérialisme américain qui a joué un rôle prédateur dans la débandade. et l’appauvrissement du pays. « (…) Chers collègues, les crises ne manquent pas qui exigent et méritent notre attention. Mais nous ne pouvons pas perdre de vue ce qui se passe en Haïti. Nous ne pouvons tout simplement pas. Tant de gens souffrent d’une violence incessante, notamment d’enlèvements et de violences de gangs et d’une crise humanitaire croissante.
Les exposés que nous venons d’entendre n’ont fait que souligner nos profondes préoccupations face à la situation désastreuse en Haïti et nous pensons que la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS) peut jouer un rôle clé en répondant à l’appel. d’Haïti au soutien international.
Il convient de répéter qu’il ne s’agit pas d’une opération de maintien de la paix dirigée par l’ONU, mais plutôt d’un effort multinational dirigé par le Kenya, avec l’autorisation de l’ONU. Et nous félicitons le Kenya pour son engagement non seulement à diriger cette mission, mais aussi à la mener avec intégrité. Le Kenya forme déjà son premier contingent d’officiers avec un programme d’études vérifié et solide de l’ONU. Et nous continuerons à aider le Kenya à établir la structure de la mission et à former le personnel en vue du déploiement. La semaine dernière, des équipes de planification des États-Unis et d’Haïti se sont rendues au Kenya, où nous sommes parvenus à un accord sur plusieurs exigences clés avant la mission, notamment des progrès sur un concept d’opérations et de recours à la force.
Chers collègues, les défis auxquels Haïti est confronté s’aggravent pour créer une situation intenable pour sa population. Personne ne devrait vivre dans la peur de la violence des gangs ou se coucher le ventre vide. Aucun parent ne devrait perdre son enfant à cause du choléra ou voir son quartier entièrement incendié. La capacité de la MMSS à soutenir la Police Nationale d’Haïti dans le rétablissement de la sécurité en Haïti, indiquée dans son mandat, nécessitera une attention et des ressources soutenues de notre part à tous.
Les États-Unis sont reconnaissants que le Conseil de sécurité ait demandé la création d’un fonds d’affectation spécial des Nations Unies pour faciliter les contributions volontaires de la communauté internationale à la MMSS. Et nous sommes reconnaissants envers les partenaires qui ont déjà promis du personnel, du matériel et une aide financière.
Nous avons aussi été fermes dans notre soutien à cette mission. En collaboration avec notre Congrès, nous avons l’intention de fournir jusqu’à 200 millions de dollars pour la mission, dont 100 millions de dollars du Département d’État et jusqu’à 100 millions de dollars de soutien en nature du ministère de la La défense.
Aujourd’hui, notre demande au reste de la communauté internationale est simplement la suivante : rejoignez-nous. Nous espérons que la réunion d’aujourd’hui, convoquée par les dirigeants du GRULAC (Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes) des principaux organes de l’ONU, pourra inspirer davantage de soutien régional à la mission. Et nous avons besoin que les États membres fournissent une assistance directe à la MMSS sous forme de personnel, de financement et de soutien en nature.
Plus que cela, nous devons considérer la mission non pas comme une fin, mais comme un élément d’une stratégie globale visant à fournir un soutien diplomatique, humanitaire et de renforcement des capacités à Haïti. Cela implique d’aider Haïti à s’engager sur la voie du développement durable. Cela implique également la création d’une solution politique durable, avec des élections libres, équitables, transparentes et crédibles, ce qu’Haïti n’a pas connu depuis 2016.
À cette fin, nous encourageons les acteurs politiques haïtiens à s’asseoir à la table du dialogue et à s’engager dans une transition politique de 18 mois. Car s’il ne peut y avoir de solution politique durable sans sécurité, nous savons également que le contraire est vrai.
Les États-Unis restent déterminés à lutter contre l’insécurité en Haïti, tant ici par l’intermédiaire de l’ONU que bilatéralement. Le peuple haïtien compte sur nous pour être à ses côtés et soutenir le Kenya dans sa mission, pour enfin apporter stabilité et espoir à son pays ».
La Directrice adjointe du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) Victoria Saiz Omenaca a participé à cette plaidoirie en indiquant que : « Haïti est l’un des neuf pays au monde confronté à un risque de famine. On y dénombre 4,35 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire, l’un des pires taux au monde en proportion de la population du pays. Les hôpitaux et les travailleurs de la santé sont désormais la cible de violences : la semaine dernière, Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé la fermeture de ses activités au centre d’urgence de Turgeau à Port-au-Prince ».
Ont également participé à cette réunion informelle de l’Assemblée Générale des Nations Unies sur Haïti la Présidente du Conseil économique et social, Paula Narváez Ojeda, ainsi que le Président du Conseil de sécurité, le nouveau Représentant permanent de l’Équateur auprès des Nations Unies , José Javier De la Gasca López Domínguez.