Céline (Anne Hathaway) et Alice (Jessica Chastain) sont de riches femmes au foyer qui semblent vivre une vie parfaite. Les deux femmes sont voisines d’adorables fils de neuf ans et de maris travailleurs mais aimants. Lorsque la tragédie s’abat sur leur coin de refuge, leur relation commence à se détériorer.
La culpabilité que ressentent les femmes face à la tragédie conduit à une bataille pour les clôtures blanches. Alice pense que Céline la blâme pour la tragédie et qu’elle prépare maintenant la chute de sa famille. Céline se rapproche dangereusement du fils d’Alice, infiltrant tous les domaines de la vie de ses voisins.
Instinct maternel Revoir
Le vrai pouvoir de L’instinct maternel réside dans les performances des deux actrices principales. La Céline d’Anne Hathaway est coupante et brillante, avec ses yeux bouffants de Jackie Kennedy et ses yeux marron tristes. Alice de Jessica Chastain s’inscrit un peu moins à l’aise dans le cliché de la femme au foyer. Elle évite de parler d’un deuxième enfant et cherche désespérément à retourner au travail. L’ancienne journaliste a du mal à accepter la vie de mère au foyer, estimant qu’il y a plus dans la vie que d’attendre son mari et son fils.
Hathaway livre une performance mélodramatique dont même Elizabeth Taylor serait fière en tant que mère en deuil. Chastain est un adversaire digne de ce nom, qui n’arrive jamais à égaler l’énergie intense de Hathaway. Peu importe à quel point Céline est parfaite à l’extérieur, la performance de Hathaway laisse toujours entendre que quelque chose de plus sinistre se cache derrière son vernis de douce sincérité. La performance de Chastain est un peu plus fondée, son personnage portant son cœur nerveux sur sa manche.
Josh Charles impressionne en tant que mari affligé de Céline. Sa performance en tant qu’homme de son époque, essayant de retenir ses émotions à l’intérieur, mérite plus de temps à l’écran qu’elle n’en reçoit. Anders Danielsen Lie est encore moins donné en tant que mari unidimensionnel, travailleur mais antipathique.
Toute histoire de personnage sur les deux protagonistes est gaspillée au profit d’une histoire de tromperie tortueuse qui ne porte pas ses fruits. L’instinct maternel aurait mieux réussi en se concentrant davantage sur les nuances de Céline et d’Alice, deux femmes différentes jouant le même personnage attendu d’elles par la société.
L’instinct maternel est un film esthétique réalisé par le célèbre directeur de la photographie Benoit Delhomme dans son premier long métrage. Avec des teintes pastel vives et un éclat inconfortablement artificiel, il y a des allusions à la fois à David Lynch et à Todd Haynes dans les choix stylistiques effectués. Les costumes sont un point fort du film ; les deux actrices principales sont vues dans une gamme infinie de belles robes, de talons aiguilles de six pouces et de cheveux crêpés en arrière. Chaque choix en matière de costumes, de scénographie et de mise en scène semble inauthentique et performatif, comme si ces deux femmes montaient un spectacle en saluant leur mari dans leur cour avant.
Écrit par Sarah Conrad et vaguement basé sur le thriller francophone Derrière la haine de Barbara Abel de 2012, le scénario est l’élément le plus faible de L’instinct maternel. Le tout est livré avec une main lourde qui ressemble presque à une parodie des mélodrames hollywoodiens d’autrefois. Contrairement à mai décembrequi a également vu s’affronter deux actrices talentueuses dans des rôles qui auraient été interprétés par Joan Crawford et Olivia De Havilland des décennies auparavant, L’instinct maternel ne comprend pas très bien ce qu’il veut réaliser sur le plan tonal. Est-ce un film sérieux sur la maternité et le chagrin, ou un mélodrame de camp sur les femmes au foyer des années 60 ? Cela ne donne pas vraiment de résultats non plus.
L’instinct maternel est à son meilleur lorsqu’il s’intéresse au vernis de l’Americana des années 1960 et au chagrin qui menace la vie de tous ceux qui les entourent. Le cœur du film se perd finalement dans une performance martelée et un scénario inégal qui préfère livrer des rebondissements paranoïaques explorant le traumatisme subi par ces femmes.
Le point culminant du film se perd dans un mélodrame de camp qui s’apparente plus à un feuilleton qu’à un thriller mettant en vedette deux lauréats d’un Oscar. L’intrigue mise en place tout au long du film par les deux femmes dont la santé mentale est gravement compromise par le chagrin et la culpabilité est gaspillée au profit d’un final mièvre.
Le contexte suburbain des années 1960 se prête aux idées sexistes des femmes de l’époque, mais ne fait qu’effleurer le concept. Alors que L’instinct maternel semble critiquer les stéréotypes qui retenaient les femmes, il ne s’engage jamais pleinement dans ces idées. Il aborde également les attentes sociétales des mères et des épouses, sans jamais les divulguer sous la surface.
L’instinct maternel veut être un thriller hitchcockien mais partage plus d’ADN avec un épisode de Femmes au foyer désespérées. Malgré des performances énigmatiques, L’instinct maternel n’a pas de point de vue clair et ne tient pas non plus les rebondissements qu’il promet tout au long du film.
Note : C-
L’instinct maternel
Meilleurs amis et voisins, Alice et Céline mènent tous deux un style de vie traditionnel idyllique avec des pelouses bien entretenues, des maris prospères et des fils du même âge. L’harmonie parfaite de la vie est soudainement brisée après un tragique accident. La culpabilité, la suspicion et la paranoïa se combinent pour défaire leur lien fraternel et une bataille psychologique de volontés commence alors que l’instinct maternel révèle son côté le plus sombre.