L’histoire ne se répète jamais, mais elle se prolonge tout en s’actualisant. Présentement, ce qui se passe dans les rouages politiques de notre pays n’a rien d’étonnant, rien de nouveau sous le soleil d’Haïti peut-on dire. C’est la roue de l’histoire des puissances dominantes d’oppression et d’exploitation qui continue à tourner pour écraser le pays grâce à la collaboration massive, tacite et soumise des protagonistes de la classe politique traditionnelle au service du système capitaliste. Il n’y a rien de naturel ou de culturel quand pour servilement manœuvrer certains politiciens se métamorphosent en acteurs ou comédiens de seconde classe.
Cette mise en scène inédite est belle et bien illustrée depuis que les pays impérialistes ont mis en scène 9 bouffons, caméléons authentiques pour jouer en commun le rôle de Président. Une action profondément viciée, erronée et honteuse, qui peut amener certains à soutenir des mouvements réactionnaires contre ceux que nous aimerions voir en œuvre dans notre pays.
Vient de s’ajouter à cette mise en scène grotesque, qu’on a déjà du mal à digérer, l’annonce à la population d’un grand débat télévisé. La toile de fond de cette toute nouvelle pièce de théâtre du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) ayant pour acteurs principaux cinq autres saltimbanques : Fritz Bélizaire, Gary Conille, Paul Antoine Bien-Aimé, Alix Didier Fils-Aimé et Jean Rodolphe Joazil retenus en tant que les finalistes pour le poste de Premier ministre est lieu nous bafouer davantage. On peut être sûr que le point de départ de ce scénario ubuesque vient de loin.
Mais, l’ambassade américaine sur laquelle assurément se comporterait des soupçons de coups fourrés ou de la vente aux enchères du poste de Premier ministre, pour stopper ses valets au CPT, avait vite réagi par un tweet, le vendredi 24 mai en ces termes « Nous accueillons l’information selon laquelle le Conseil présidentiel de transition d’Haïti a entamé le processus de sélection d’un Premier ministre et nous attendons avec impatience un processus transparent qui permettra à Haïti d’avoir un Premier ministre et un gouvernement de transition sélectionnés sur la base du mérite technique et de l’impartialité.» Dominés par l’impérialisme néocolonial, les membres du CPT hésitaient et en fin de compte, ont fini par abandonner le rendement de ce spectacle pour satisfaire la volonté de l’Oncle Sam qui, sans doute, a déjà son « Homme », fils « Poulain », pour la Primature afin d’éviter tout dérapage incontrôlé.
Ne sommes-nous pas maintenant des citoyens d’un pays humilié, déshonoré ? Ne nous arrive-t-il pas de nous poser des questions sur ce que nous sommes devenus ? Notre orgueil national n’est-il pas en berne ? Ne nous sentons donc pas une certaine inquiétude mêlée de honte et que ne nous exigeons pas de quoi demain sera fait ? Quand l’impérialisme occidental est à la fois celui qui a provoqué la situation actuelle et celui qui prétend la résoudre, n’est-ce pas là une illusion ? Alors que tout ceci c’est l’aboutissement de plus d’un siècle de domination et de destruction impérialistes, piétinant le peuple haïtien aussi bien dans sa forme politique et économique que dans son contenu social ?
Le grand dessein des impérialistes en Haïti est de renforcer le colonialisme et le néo-colonialisme et nous nous trompons de la façon la plus bête, la plus cruelle, si nous devions considérer que leurs actions trompeuses sont distinctes et sans rapports entre elles. C’est là tous leurs intérêts. Aucune confiance ne peut être accordée au représentant de la classe capitaliste et à ses institutions internes ou externes. Reconquérir la démocratie exige d’aller à la racine du mal afin de finir avec cette politique au service d’une minorité de privilégiés et d’établir une politique pour la majorité du peuple. Cela suppose que l’on remplace le régime anti-démocratique et antisocial des profiteurs de la classe politique par un régime populaire authentiquement démocratique que seule l’action du peuple travailleur est à même d’imposer pour ouvrir la voie à un gouvernement au service de la majorité.
Ce n’est pas avec l’impérialisme et consorts que des solutions viables seront trouvées. Si c’était le cas, on les aurait longtemps repérées. Au contraire, c’est sans eux et contre eux que nous devrions construire le pays et lutter constamment contre leur barbare système de domination et d’exploitation. La rupture avec Washington, Ottawa, Paris est une exigence. Elle doit être au centre de toute réponse haïtienne à cette impasse de type néocolonial inacceptable et ce, sous quelque forme que ce soit.
Lutter pour un gouvernement sans influence de l’impérialisme, pour un gouvernement n’acceptant pas l’occupation d’une armée étrangère et sans pillage des ressources publiques par les multinationales capitalistes : telle est la ligne de conduite politique dans laquelle devrait s’inscrire tout citoyen honnête et donc de sorte que des changements urgents s’imposent contre la dégradation persistante des conditions de vie.
Il est grand temps que les masses défavorisées s’organisent et se révoltent contre l’occupation en cours et qu’elles ne se laissent pas détourner du chemin qu’elles ont choisi et pour lequel elles doivent lutter jusqu’au bout. L’impérialiste et les capitalistes peuvent contrôler le pouvoir, les médias et l’armée d’occupation qu’ils préparent, mais ce sont des armes inutiles comparées à la puissance de l’unité des masses populaires, luttant collectivement pour un destin commun et historique.
Le marxisme-léninisme nous enseigne que chaque peuple a droit à l’autodétermination, à la liberté et à l’indépendance. Si nous restons inactifs devant cet élan destructif et criminel sans précédent de notre pays entraînant les actes et les événements les plus déshonorants pour notre histoire, cela signifierait que nous acceptons l’échec et que nous consumons notre propre ruine. Par conséquent, il n’y aura pas de voie de sortie du sous-développement chronique sans un sursaut citoyen pour renverser l’ordre impérialiste établi à l’échelle du pays. L’impérialisme doit être énoncé, rejeté et combattu pour une Haïti de paix, de solidarité et de transformation sociale, socialiste et souveraine.