Des chercheurs de l’Université de Nagoya ont mis au point un nouveau composé qui pourrait révolutionner le traitement des troubles lipidiques. Le médicament, appelé ZTA-261, cible le récepteur bêta de l’hormone thyroïdienne (THRβ) avec une sélectivité sans précédent, offrant potentiellement une approche plus sûre et plus efficace pour gérer des maladies comme la dyslipidémie.
Une approche ciblée du métabolisme lipidique
Les troubles lipidiques touchent des millions de personnes dans le monde, et environ une personne sur dix est considérée comme obèse ou en surpoids en raison d’anomalies du métabolisme lipidique. Ces troubles, appelés dyslipidémie, augmentent le risque de problèmes de santé graves tels que les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux.
Les hormones thyroïdiennes sont reconnues depuis longtemps pour leur rôle dans la régulation du métabolisme, notamment dans le traitement des lipides. Cependant, leur utilisation comme traitement a été limitée en raison de leurs effets étendus sur de nombreux systèmes corporels. Les hormones thyroïdiennes agissent par l’intermédiaire de deux types de récepteurs : alpha (THRα) et bêta (THRβ). Alors que THRα est prédominant dans le cerveau, le cœur et les muscles, THRβ se trouve principalement dans le foie et l’hypophyse.
« Nos résultats suggèrent que le ZTA-261 est beaucoup moins toxique que le T3 et même moins toxique que le GC-1, qui est connu comme un composé sélectif pour la protéine THRβ », explique Taeko Ohkawa, l’un des chercheurs de l’étude. « Je trouve étonnant que la différence de sélectivité bêta-THR entre le ZTA-261 et le GC-1 (100 fois plus que 20 fois plus) ait un impact aussi important sur la toxicité cardiaque et osseuse. »
Des résultats prometteurs avec moins d’effets secondaires
L’équipe de l’Université de Nagoya a testé le ZTA-261 contre deux autres composés : le GC-1 (un autre dérivé de l’hormone thyroïdienne) et le T3 (une hormone thyroïdienne naturelle). Leurs résultats, publiés dans Communications Medicine, ont révélé que le ZTA-261 présentait une sélectivité près de 100 fois supérieure pour THRβ par rapport à THRα. Cette sélectivité est cruciale, car elle permet au médicament de cibler le métabolisme lipidique dans le foie sans déclencher les effets indésirables associés à l’activation de THRα, tels que l’hypertrophie cardiaque et la perte osseuse.
Dans des études sur des souris, le ZTA-261 a réduit efficacement les taux de lipides dans le foie et le sang. Il est important de noter que les marqueurs de lésions cardiaques et osseuses étaient significativement plus faibles chez les souris traitées au ZTA-261 que chez celles ayant reçu du T3. Les chercheurs n’ont également trouvé aucun signe de toxicité hépatique, une préoccupation courante dans le développement de médicaments.
Masakazu Nambo, un autre chercheur clé du projet, souligne l’importance de leur approche : « Le ZTA-261 présente une affinité et une sélectivité extrêmement élevées pour THRβ parmi les dérivés d’hormones thyroïdiennes développés à ce jour. Au cours du processus de synthèse d’une variété de dérivés, nous avons découvert qu’une conception moléculaire précise est cruciale à la fois pour la sélectivité et l’affinité. »
Pourquoi c’est important : Le développement du ZTA-261 représente une avancée significative dans le traitement des troubles lipidiques. En ciblant de manière sélective le THRβ, ce composé pourrait offrir une option plus sûre et plus efficace à des millions de personnes aux prises avec des maladies comme la dyslipidémie, réduisant ainsi potentiellement leur risque d’événements cardiovasculaires graves.
Bien que ces résultats soient prometteurs, il est important de noter que d’autres études, notamment des essais cliniques sur l’homme, seront nécessaires avant que le ZTA-261 puisse être envisagé pour une utilisation à grande échelle. Des questions subsistent quant à ses effets à long terme et à la manière dont il pourrait interagir avec d’autres médicaments couramment prescrits pour les troubles lipidiques.
Alors que les recherches se poursuivent, l’équipe de l’Institut des biomolécules transformatrices de l’Université de Nagoya (WPI-ITbM) prévoit d’explorer d’autres applications de son approche de conception moléculaire. Cette avancée pourrait ouvrir la voie à une nouvelle génération de thérapies ciblées, non seulement pour les troubles lipidiques, mais potentiellement aussi pour d’autres troubles métaboliques.