Un rapport complet de la Commission Lancet 2024 sur la prévention, l’intervention et les soins en matière de démence révèle que près de la moitié des cas de démence pourraient potentiellement être évités ou retardés en s’attaquant à 14 facteurs de risque modifiables tout au long de la vie. L’étude, présentée lors de la conférence internationale de l’Alzheimer’s Association, ajoute l’hypercholestérolémie et la perte de vision à la liste des facteurs de risque connus, offrant de nouvelles pistes pour la prévention et la gestion de cette maladie dévastatrice.
Élargir notre compréhension du risque de démence
Le rapport s’appuie sur les travaux antérieurs de la Commission Lancet, qui avait identifié 12 facteurs de risque modifiables de démence. Les deux nouveaux facteurs ajoutés – un taux élevé de cholestérol à lipoprotéines de basse densité (LDL) à l’âge mûr et une perte de vision non traitée à un âge plus avancé – sont associés à 9 % de tous les cas de démence. Plus précisément, un taux élevé de cholestérol LDL est responsable d’environ 7 % des cas, tandis que la perte de vision contribue à 2 %.
Ces nouvelles découvertes s’ajoutent aux facteurs de risque précédemment identifiés, qui comprennent un faible niveau d’éducation, une déficience auditive, l’hypertension artérielle, le tabagisme, l’obésité, la dépression, l’inactivité physique, le diabète, la consommation excessive d’alcool, les traumatismes crâniens, la pollution de l’air et l’isolement social.
Gill Livingston, professeur à l’University College de Londres et auteur principal du rapport, souligne l’importance d’agir rapidement : « Notre nouveau rapport révèle qu’il est possible et nécessaire de faire beaucoup plus pour réduire le risque de démence. Il n’est jamais trop tôt ni trop tard pour agir, et il est possible d’avoir un impact à n’importe quelle étape de la vie. »
Une approche de la prévention de la démence tout au long de la vie
La Commission présente 13 recommandations aux gouvernements et aux particuliers pour réduire le risque de démence tout au long de la vie. Il s’agit notamment de fournir une éducation de qualité à tous les enfants, de rendre les prothèses auditives largement disponibles, de traiter l’hypercholestérolémie LDL à partir de 40 ans environ, de dépister et de traiter les troubles de la vision, de gérer efficacement la dépression et de réduire l’exposition à la pollution atmosphérique.
Le rapport souligne également l’importance d’un environnement communautaire favorable pour accroître les contacts sociaux, l’isolement social à un âge avancé étant associé à 5 % des cas de démence. En outre, les auteurs appellent à prendre des mesures pour réduire le tabagisme, comme le contrôle des prix et le relèvement de l’âge minimum d’achat.
Le Dr Cleusa Ferri de l’Université fédérale de Sao Paulo souligne les implications mondiales : « Étant donné le fardeau beaucoup plus élevé des facteurs de risque de démence dans les pays à revenu faible et intermédiaire, avec l’augmentation attendue de la démence au cours des prochaines décennies en raison du vieillissement rapide de la population et de l’augmentation des taux d’hypertension artérielle, de diabète et d’obésité, nous avons besoin d’approches préventives urgentes fondées sur des politiques qui auront d’énormes avantages potentiels bien supérieurs aux coûts. »
Pourquoi c’est important : Le nombre de personnes atteintes de démence devrait presque tripler d’ici 2050, passant de 57 millions en 2019 à 153 millions. Il est donc essentiel de comprendre et de traiter ces facteurs de risque. La possibilité de prévenir ou de retarder près de la moitié des cas de démence offre de l’espoir aux individus, aux familles et aux systèmes de santé du monde entier.
Les conclusions du rapport ont également des implications économiques importantes. Une étude distincte publiée en parallèle de la Commission a modélisé l’impact économique de la mise en œuvre de certaines de ces recommandations en Angleterre. Les résultats suggèrent que les interventions à l’échelle de la population ciblant la consommation excessive d’alcool, les lésions cérébrales, la pollution de l’air, le tabagisme, l’obésité et l’hypertension artérielle pourraient permettre de réaliser des économies de plus de 4 milliards de livres sterling et de gagner plus de 70 000 années de vie ajustées à la qualité de vie.
Les auteurs soulignent toutefois que même si leurs estimations de prévention supposent une relation causale entre les facteurs de risque et la démence, certaines associations peuvent n’être que partiellement causales. Ils soulignent également que la modification des risques affecte la population et ne garantit pas qu’un individu évitera la démence.
À l’avenir, la Commission appelle à un soutien accru pour les personnes atteintes de démence et leurs familles, notamment par la mise en place d’interventions en matière d’activité et de stratégies d’adaptation à composantes multiples pour les soignants. Elle souligne également la nécessité de mener davantage de recherches et d’accroître la transparence sur les effets à court et à long terme des nouveaux traitements, tels que les anticorps anti-amyloïdes β pour la maladie d’Alzheimer.
À mesure que nous comprenons mieux les facteurs de risque de démence, le potentiel de prévention et de meilleure gestion de cette maladie complexe s’accroît. Le défi consiste désormais à traduire ces résultats en politiques et interventions efficaces pouvant être mises en œuvre auprès de diverses populations et dans divers systèmes de santé du monde entier.